[Lettre Calipia] Et si Microsoft accompagnait le mouvement Post-PC ?
(Article issu de La Lettre Calipia – juin 2011 – abonnement gratuit sur calipia.com/lalettre.asp)
Beaucoup d’acteurs (Apple et Google en tête), d’observateurs ou d’analystes financiers clament haut et fort que le PC est menacé, tout au moins dans sa forme actuelle et que nous entrons maintenant dans l’ère Post-PC où les périphériques communicants de toutes sortes règlent en maîtres.
Les alternatives au PC sous Windows deviennent un peu plus crédibles
Il n’y a jamais eu autant d’alternatives crédibles au système phare de Microsoft :
- Mac OSX côté Apple qui marque des points avec une part d’usage de l’ordre de 8% à 10%.
- iOS côté tablettes avec l’iPad qui grignote un peu des parts de marché au moins vis-à- vis des netbooks.
- Androïd sur les tablettes de Google et demain ChromeOS sur le Chromebook ?
- Mais également les différents OS dérivés de Linux qui fleurissent tous les jours mettant en avant un usage « dans le cloud » (type meego, jolicloud,…).
L’effet « Consumerisation » conjugué à la diminution des dépendances locales des applicatifs rendent aujourd’hui imaginable cette fin du règne absolu du PC (tout au moins, rappelons-le une fois de plus, dans sa forme actuelle).
Il est en effet de plus en plus fréquent qu’un poste domestique aujourd’hui soit dépourvu d’applications Microsoft et ne remplisse ses fonctions que parce qu’il dispose d’une connexion Internet, d’un navigateur et de quelques applicatifs de manipulation de photos, ou encore de montage vidéo, le tout associé à un bon lecteur multimédia type VLC par exemple. Il reste bien encore une bonne vieille version de Word ou d’Excel sur la machine, mais pour combien de temps encore avec la montée en puissance des suites bureautiques en ligne type Google Apps… ?
Côté entreprise, les choses ne sont pas encore aussi simples, il faudra sans doute attendre encore un bon petit moment avant que les applications internes soient toutes redéveloppées en RIA (Rich Internet Application) et indépendantes du système local. Combien d’applications consomment ou produisent des documents bureautiques dans le format de Microsoft ? Sans aucun doute un très grand nombre… Mais la tendance est là.
S’affranchir (en partie) des API traditionnelles de Windows
Contre toute attente, Microsoft lui-même risque également d’accélérer cette mutation en intégrant en standard dans son système vedette un mode tablette permettant, pour un nombre important d’applications, de s’affranchir, rien de moins, de la dépendance de l’API de Windows et de l’interface traditionnelle de ce dernier, mais ceci sans faire appel non plus à sa technologie Silverlight (qui au passage, voit son avenir de plus en plus restreint aux Smartphones ?).
Pour Mary Jo Foley, toujours bien informée sur les intentions de Microsoft : « Il semble que le but ultime de Microsoft est de convaincre les développeurs Silverlight d’utiliser HTML5 et JavaScript pour écrire de nouvelles applications pour Windows. Mais jusqu’à présent les outils de développement pour HTML5 ne sont pas encore à niveau alors que Silverlight bénéficie des nouvelles versions de Visual Studio, de la richesse du Framework. Net et d’Expression. »
Le développement d’une application sur la tablette de l’éditeur se ferait donc principalement en HTML 5, avec il est vrai des appels propriétaires pour les éléments de l’interface « Metro », un peu à la manière des appels au « webkit » spécifiques d’Apple pour la programmation des gestes sur Safari mobile.
Il y a encore un monde pour un portage rapide d’une telle application Windows 8 « tablette » vers un terminal HP sous WebOS par exemple, ou sur tout autre terminal mobile supportant HTML 5… Mais cet effort de standardisation est très louable de la part de Microsoft.
Pas d’accès immédiat à la logithèque Windows sur les tablettes !
Autre annonce de la part de Microsoft qui va dans le même sens, Windows 8 sur processeur ARM ne disposerait pas d’une couche d’émulation permettant de faire fonctionner les applications Windows x86 sur cette plate-forme.
C’est dit : les futures tablettes sous Windows 8 (tout au moins ce qui risque d’être la grande majorité avec un processeur ARM) ne pourront « bénéficier » de l’importante logithèque de Windows, laquelle constituait il n’y a pas si longtemps l’alpha et l’omega de la politique plate-forme de Microsoft ! La bonne nouvelle est que Microsoft va sans doute mettre les moyens pour le portage de bon nombre d’applications afin de les rendre natives avec cette interface, de quoi exploiter réellement le mode tablette et les gestes associés, et faire oublier les mauvaises expériences des tablettes Windows actuelles où le clavier ne doit jamais être très loin pour pouvoir les exploiter correctement…
Microsoft, dessine-moi un PC
Mais finalement la question essentielle reste dans ce débat : qu’est-ce qu’un PC ? Ou plutôt qu’est-ce que sera un PC dans les années à venir ?
- Première définition : selon Wikipedia « un PC est un ordinateur compatible avec l’IBM PC apparu en 1981. En 2008, pratiquement tous les ordinateurs personnels sont des compatibles PC. Ils sont basés sur les microprocesseurs de la famille x86 inventée par Intel. Les systèmes d’exploitation MS-DOS, Windows, OS/2 et GNU/Linux ont notamment été créés pour les compatibles PC ». Cette définition, correcte historiquement, est sans doute largement incomplète et ne reflète pas les nombreuses évolutions que ce type de machines a subies au cours de ces dernières années.
- Autre définition : un PC est avant tout maintenant un matériel largement communicant, présent dans la majeure partie des cas sous forme de machines portables (près de 80% des ventes actuelles, tous types confondus) et disposant d’un clavier « réel » (tiens voilà une différence avec une tablette !), son interface se manipule soit au clavier soit avec une souris (encore une différence) mais parfois aussi au toucher de l’écran… Au niveau de cette définition, les différences avec les tablettes et autres objets communicants sont assez faibles…
- Troisième définition, en partant de ce que ne peut pas être un « PC » : un PC n’est pas un SmartPhone, n’est pas une Tablette, n’est pas un Terminal Internet (MID : Mobile Internet Device). Mais un smartphone, une tablette sont néanmoins techniquement un ordinateur portable et personnel… un Personal Computer alors ? aïe ce n’est pas simple…
- Quatrième définition : un PC est un ordinateur sur lequel Microsoft Windows fonctionne. Exemple : un Mac n’est pas un PC (encore que…).
Cette quatrième définition est sans doute la plus claire dans l’esprit de pas mal d’utilisateurs et d’observateurs… Mais alors quelle déception pour les « analystes » dès lors que Microsoft proposera avec Windows 8 un système intégré pour l’ère du Post-PC. J
C’est un enjeu énorme pour l’éditeur. Soit il remporte l’adhésion des utilisateurs et surtout des développeurs, soit ces derniers préfèrent aller massivement sur iOS et Android, ce qui laisserait le soin à Apple (haut degamme) et Google (large bande) de se partager ces nouveaux marchés… Le sort de l’entreprise sera assez semblable dans ce cas à l’IBM des années 90 qui, englué dans ses anciens systèmes, n’est pas parvenu malgré sa puissance à faire pénétrer OS/2 face à un combat entre Apple et Microsoft …
Nous n’en sommes pas là, Microsoft dispose d’un très gros atout : sa plate-forme de développement. C’est à la fois le talon d’Achille de la firme à la pomme avec son Objective-C assez vieillissant et celui d’un Google pas (encore) au niveau en matière d’intégration…
Le combat de ces prochains mois entre ces trois-là risque d’être passionnant à bien des égards…
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