Google et Microsoft : deux visions opposées pour l’IA dans les entreprises

Les grandes entreprises technologiques rivalisent d’ingéniosité pour imposer leurs outils d’intelligence artificielle (IA) dans les environnements professionnels. Avec un objectif pour le moins clair : rentabiliser leurs investissement conséquent en matière d’IA (Microsoft a annoncé il y a une semaine un investissement en 2025 de 80 Milliards de dollars dans des datacenters dédiés à l’IA… énorme). Dernière initiative en date, Google a annoncé l’intégration obligatoire de ses outils IA, sous la marque Gemini, dans ses services phares comme Gmail, Google Docs et Google Sheets pour tous les abonnés Workspace. Vous avez bien lu : obligatoire. Bien que présenté comme une démarche philanthropique visant à démocratiser l’usage de l’IA, cette stratégie soulève des questions sur les véritables intentions de l’entreprise.

Côté Google
Avec cette nouvelle politique, les utilisateurs des plans Workspace bénéficieront automatiquement des fonctionnalités IA, qu’ils les souhaitent ou non. En parallèle, Google augmente le tarif mensuel de ses abonnements de 2 €, une hausse bien inférieure aux 20 € que coûtait auparavant l’ajout de Gemini en tant qu’option. Cette méthode rappelle le modèle économique de certains fournisseurs d’accès internet, où les consommateurs sont « invités » à prendre un forfait incluant des choses qu’ils n’utilisent pas toujours.
Pour Google, l’objectif semble clair : maximiser la diffusion de ses outils IA tout en assurant un retour sur investissement grâce à cette augmentation tarifaire généralisée.
Côté Microsoft
Pendant ce temps, Microsoft a annoncé une autre stratégie pour son service d’IA, Copilot. Contrairement à Google, l’entreprise opte pour un modèle de facturation basé sur la consommation. Certaines fonctionnalités IA seront désormais facturées en fonction de leur usage réel (même si l’abonnement Copilot reste toujours et heureusement possible), offrant ainsi une flexibilité qui pourrait séduire les entreprises sceptiques face aux coûts fixes élevés alors même que le ROI n’est pas toujours simple (au moins dans un premier temps) à démontrer.
Cependant, cette tarification variable comporte des risques : si une entreprise s’habitue fortement à ces outils, ses coûts pourraient exploser. Mais le client à le choix puisque, nous le disions, Microsoft propose toujours un tarif fixe pour les clients souhaitant accéder à l’ensemble des fonctionnalités d’IA, via l’option Microsoft 365 Copilot.
Quelle est la stratégie gagnante ?
Imposer des fonctionnalités IA pourrait se révéler un pari gagnant à long terme pour Google. Les utilisateurs de Gmail ou Google Docs pourraient, avec le temps, découvrir les avantages des outils Gemini et estimer qu’ils justifient l’augmentation de prix. Toutefois, cette approche risque d’agacer des entreprises qui n’ont jamais sollicité ces fonctionnalités.
De plus, cette stratégie reflète une certaine urgence de la part de Google, qui semble peiner à séduire suffisamment de clients avec ses options IA à la carte. Contrairement à Microsoft, qui ajuste son modèle pour répondre aux attentes des entreprises, Google mise sur la généralisation forcée pour rattraper son retard. En devenant de plus en plus agressif dans ce domaine, comme le démontre de nombreuses pratiques.
Parallèlement, Google rencontre des difficultés pour collaborer avec les éditeurs de contenu. Bien qu’elle finance depuis longtemps des initiatives journalistiques via son Google News Initiative, l’entreprise n’a pas proposé d’accords de licence IA, ce qui a irrité de nombreux éditeurs. Pendant ce temps, OpenAI, Microsoft, mais aussi récemment en France Mistral proposent des partenariats stratégiques, comme celui signé hier avec l’AFP.
Dans ce bras de fer entre les géants de la technologie, les entreprises doivent évaluer avec soin leurs besoins en IA et les modèles économiques proposés. La stratégie de Google pourrait séduire par ses coûts initiaux modestes, mais elle impose des services sans laisser le choix, au risque d’irriter les utilisateurs. Microsoft, de son côté, semble plus à l’écoute des attentes des entreprises, mais son modèle basé sur la consommation pourrait réserver des surprises désagréables en cas de forte utilisation.