Test de l’Apple Vision Pro : technologiquement bluffant… mais encore ?

Pour ne rien vous cacher, j’avais vraiment hâte de pouvoir tester le nouveau produit d’Apple depuis son annonce en juin dernier. Car rien ne vaut un test personnel pour juger réellement de la pertinence d’un produit. Quand je vois la multitude des commentaires, pseudo analyses sur le net de personnes n’ayant pas réellement essayé la chose, je suis toujours dubitatif. Ceci était déjà le cas pour le premier iPad, la première Apple Watch. La relecture aujourd’hui de ces « analyses » est souvent assez jouissive 😊

Pour le premier iPad j’étais parti le chercher à New York, il n’était pas, comme pour le casque aujourd’hui, vendu en France, dans un premier temps. Cette fois pour le Vision Pro, le passage par un tiers aux USA à suffit, mis à part pour les corrections optiques ayant nécessité une téléconsultation pour l’obtention d’une ordonnance US en bonne et due forme et la fabrication par Zeiss de cette dernière.

Alors voici mon petit feedback, après maintenant 15 jours que j’ai déballé le carton.

Lors de l’annonce de ce dernier en juin nous écrivions sur le blog cette formule : « Apple Vision Pro : un Hololens abouti ? » et bien pour résumé ce qui suit, je pense que l’on peut supprimer en partie le point d’interrogation.

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Si je fais le parallèle avec l’iPad de première génération et des remarques faites à l’époque : comme quoi cet iPad n’était en rien une révolution, Microsoft avait déjà tout fait et tout vu avec les « Tablet PC » (arrivées elles en 2001). On pourrait dire que cet Apple Vision est à Hololens, ce que l’iPad a été à la Tablet PC : un produit technologiquement bien plus abouti au niveau de son expérience utilisateur que son « ancêtre » réalisé par Microsoft. Quand on apprend qu’Apple déposait déjà il y a 12 ans des brevets sur des fonctionnalités de l’Apple Vision Pro, on imagine assez bien que le projet a pris du temps, et tant mieux. Est-il parfaitement abouti ? Sans doute pas et nous y reviendrons, est-ce que la version 2 sera mieux ? qui peut en douter ? Peut-on déjà en voir les usages en entreprise ? Sans doute, et c’est d’ailleurs sur ces derniers que l’appareil pourrait bien surprendre son monde à mon avis, là encore comme l’iPad à son époque.

Apple va-t-elle réussir son pari, pari sur lequel Meta n’a pas encore vraiment réussi à convaincre ? Ce n’est pas gagné mais cela mérite que l’on y regarde de plus près.

Un bijou technologique

Ce qui frappe le technophile, c’est bien entendu les caractéristiques techniques de l’engin : Puce M2 (celle des macs) + R1, double écran Micro-Oled (23 millions de pixels donc +4K  dans chaque œil) de 100 Hz, 2 caméras stéréoscopique de haute définition, 6 caméras de suivi de l’environnement, deux caméras internes de suivi de la pupille offrant en plus un système de reconnaissance de l’Iris et enfin de l’audio spatial 3D. Tout ceci dans une dimension assez réduite, c’est une belle prouesse technologique. Mais ceci à un coût, et un poids

Quid de l’expérience utilisateur ?

Lorsque l’on met le casque et l’on commence à l’utiliser, passé la configuration de ce dernier pour l’utilisateur. Tout se fait au regard et au pincement de doigt. Vous dirigez votre regard sur un élément d’interface, puis vous pincez pour activer. C’est assez curieux au début car ne sommes pas habitués à utiliser nos yeux comme action d’interaction avec une interface, mais on s’y habitue assez vite et c’est vrai que ceci est même assez « magique » techniquement, la précision étant au rendez-vous. Très pratique pour saisir un mot de passe en se baladant sur un clavier virtuel, beaucoup moins en revanche lorsqu’il s’agit d’être plus rapide : n’imaginez pas taper du texte avec cette méthode sur le clavier, on préfèrera utiliser… nos doigts (ce qui est heureusement possible). C’est également votre iris qui sera utiliser comme profil de connexion. Après TouchID, FaceID voici VisionID ! Pas mal et très pratique. Pour ce qui est du pincement des doigts, cela fonctionne aussi très bien, c’est détecté y compris quand vous pensez que vos mains ne sont pas dans le champ de vision.

Il existe également d’autres fonctions de navigation utilisant également cette combinaison Iris + pincement : pour redimensionner une fenêtre, on regarde un coin, on le saisit et on l’étend dans un sens ou dans l’autre, comme lorsqu’on recadre une photo sur un smartphone. Une barre sous la fenêtre permet aussi de la saisir et de la déplacer dans son environnement.  Quand vous redimensionnez une fenêtre, l’appareil suit notre main de façon très précise avec une latence minimale ce qui permet ainsi de bouger la fenêtre déployée en 3D dans notre environnement réel et pourquoi pas « coller » une fenêtre sur le frigo de la cuisine à notre gauche, notre écran principal en face et une autre fenêtre sur le mur droit…

Disons-le clairement, l’expérience utilisateur d’usage et de navigation est vraiment réussie et l’usage est bluffant après un temps très réduit d’adaptation.

Même si Apple cherche à appeler son casque « ordinateur spatial » le Vision Pro est un avant tout un casque de réalité virtuelle. Comme les autres produits de VR, il s’agit d’un casque avec des lentilles et des écrans pour créer un environnement 3D autour de l’utilisateur. La résolution de ces écrans (4K dans chaque œil) est impressionnante et sans conteste ce qui se fait de mieux actuellement. Mais Apple met beaucoup en avant le mode « réalité augmentée » qui utilise les capteurs tout autour du casque pour reproduire votre environnement réel et surtout les caméras hautes résolution. Et là aussi c’est vraiment très réussi, on a vraiment l’impression de voir le monde réel et d’avoir de simple lunettes (de ski !) et correctrices dans mon cas. Avec en prime la possibilité d’y déposer des fenêtres flottantes en 3D. Tous les autres casques du marché font pâle figure face à ce dernier et n’en déplaise à Mark Zuckerberg le Meta Quest ou le Pico ressemble alors plus à des jouets. Mais ce n’est clairement pas le même prix. De plus cette solution très immersive évite ainsi les problèmes de transparence ou de champ de vision rencontré par Hololens, c’est le jour et la nuit, c’est le cas de le dire.

Autre fonctionnalité vraiment très réussie, le déport de son écran Mac dans le casque : une méthode pour disposer d’un écran de 100 pouces sur son portable ! Le mode de fonctionnement est très simple : vous ouvrez votre Macbook en portant le casque, ce dernier vous propose alors de déporter tout simplement l’écran du mac dans le casque et vous disposez alors d’un écran parfaitement défini (double écran 4K dans chaque œil oblige) d’une taille réglable, grande voir très grande ; moyen de palier en déplacement mon écran externe de 49 pouces . Vous vous retrouvez alors avec le clavier réel du mac et un superbe écran face à vous ! De quoi travailler sérieusement, coder ou encore monter vos films… C’est sans doute une des fonctions que je fais utiliser le plus en déplacement

L’intégration des personnes dans notre champ de vision alors même que nous avions occulté l’environnement avec la molette est également très bien pensée et progressive, ce qui est très bien vu pour éviter l’effet surprise. On reconnait ici le soin qu’Apple sait apporter à la finition de l’expérience utilisateur. 

Quelles applications ?

Il y aurait à l’heure où j’écris ces lignes plus de 1000 applications optimisées, dont au passage une partie de la suite Microsoft 365 : Word, Excel, Teams, Powerpoint, dont l’usage est assez intéressant, en particulier Teams et Powerpoint, pour ce qui est d’Excel ou Word, je préfère de loin utiliser un vrai poste de travail avec pourquoi pas le déport d’écran dans le casque. 

On retrouve aussi pas mal d’applications de streaming dont Disney, Apple TV et Lenses qui permet de palier à l’absence de l’application Netflix et la reproduisant très fidèlement (y compris le son spatial) mais aussi Youtube. Mais comme il est aussi possible d’exécuter une très grande partie des applications iPad, j’ai pu par exemple y ajouter Amazon Video et Plex. Un vrai plus d’avoir devant soit un écran de 100 pouces ou plus si on le souhaite !

Pas mal aussi d’applications natives de productivité comme l’excellent MindNode. Très plaisant de construire ses cartes heuristiques « à la main et avec ses yeux ». Pour moi ces cartes mentales font partie des incontournables outils de productivité.

Le navigateur est bien entendu de la partie pour l’ensemble de ses applications, le tout en disposant de ses favoris bien sûr synchronisés.

Pas eu encore le temps d’essayer d’autres applications, pas mal de boulot actuellement, mais cela va venir. Je compte bien aussi regarder coté outils de dév et outils de retouche photos en natif ou en utilisant l’application iPad. Prochain test : Lightroom et l’excellent Pixelmator : je suis curieux de retravailler les images à l’œil 😊 La colorimétrie du casque étant très bonne cela ouvre des perspectives intéressantes. 

Mais d’un point de vue professionnel, en dehors des outils de productivité, cela ouvre pas mal le champ des possibles et l’on retrouve ici les possibilités d’un Hololens en plus immersif et finalement en moins cher, un comble ! 

L’engagement des développeurs autour du produit sera clé pour le succès de ce casque. Même si l’on sait que c’est en général un des points fort d’Apple : les prochains mois seront décisifs.

Confortable ?

C’est clairement un des points faibles de ce système : pas très confortable. Certes il y a du mieux par rapport à l’usage d’un Quest avec des lunettes de vue par exemple, mais le casque est lourd et le bandeau arrière certes esthétique n’est pas, pour moi, la solution la plus adaptée si l’on veut porter ce casque plus d’une heure. La solution à double lanière (fourni avec) est moins pratique mais sans beaucoup plus adaptée à de de plus longues séances d’utilisation sans être parfaite.

Voilà donc une belle piste d’amélioration pour les prochaines versions.

Alors oui, comme nous entendons ici et là, les lunettes ouvertes et légères seraient préférables, mais dans ce cas, supposons que la technologie le permette (et ce n’est pas pour tout de suite si l’on veut intégrer ce redoutable suivi de l’iris), qu’en serait-il du côté immersif ?

Autre piste d’amélioration : une meilleure autonomie et une batterie intégrée ? Sans doute, mais aujourd’hui le principal frein est à mon avis le poids du casque et une intégration de la batterie en rajouterait une couche…

Vous l’avez compris, je suis assez impressionné par cet équipement…

Je trouve que c’est, avec certaines IA génératives type Copilot, une des technologies (hors prototypes) les plus bluffantes que j’ai vue durant ces deux dernières années . 

Il est à mon avis impératif de l’essayer pour vraiment se rendre compte de l’effet et du potentiel. Mais le succès, comme toujours viendra des applications. J’ai en tout cas la conviction que cet appareil risque bien de surprendre là où on ne l’attend pas vraiment : dans l’entreprise, un peu comme l’iPad à son époque. Ceci pour plusieurs raisons : Hololens à ouvert la voie sur certaines applications professionnelles et le coût (Hololens était plus cher) n’est pas un facteur aussi déterminant que dans le grand public pour les entreprises, dès lors que l’application permet d’obtenir un ROI. Donc tout dépendra des applications là encore.

Nous vous proposerons en tout cas lors du prochain Briefing Calipia (les dates seront proposées en fin de semaine prochaine) de tester ceci pour vous faire une idée par vous-même !

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