La fusion nucléaire bientôt accessible pour Microsoft ?

Microsoft et la société Helion, basée à quelques kilomètres de siège mondial de Microsoft à Everett, dans l’État de Washington, ont conclu un accord sur l’utilisation de l’énergie électrique produite par la fusion d’Helion… A condition que cette dernière soit réellement produite et donc pas avant 2028 au mieux, selon une annonce faite mercredi dernier par Helion.
Pour rappel, la fusion nucléaire est un processus où les noyaux de deux atomes légers, généralement de l’hydrogène ou de l’isotope d’hydrogène appelé deutérium, se combinent pour former un noyau plus lourd. Ce processus libère une quantité considérable d’énergie. C’est ce phénomène qui alimente le soleil et les autres étoiles. Dans le soleil, les températures et les pressions extrêmement élevées provoquent la fusion de l’hydrogène pour former de l’hélium.
Un sacré pari pour Microsoft également qui lui permettra d’accélérer, le cas échéant, sa neutralité carbone. Un pari audacieux qui donne des indications sur l’investissement des géants du numérique dans le domaine énergétique (des investissements sont régulièrement faits aussi par les Apple, Amazon et Google par exemple dans le renouvelable). Ce ne sont sans doute pas des considérations purement écologiques qui guident les choix de ces géants… Ils ont compris que ces investissements seront obligatoire pour continuer à croitre dans les années à venir sans que les utilisateurs leurs opposent de plus en plus leur niveau de dépense énergétique source de CO2. Ce qui contribuerait in fine d’affecter leurs ventes…
La fusion nucléaire offre plusieurs avantages potentiels par rapport aux réacteurs nucléaires traditionnels qui utilisent la fission nucléaire (division des noyaux atomiques lourds). Elle produit beaucoup plus d’énergie, ne génère pas de déchets radioactifs à longue durée de vie et n’a pas le risque de fusion du cœur du réacteur. De plus, les matières premières nécessaires à la fusion nucléaire, comme l’hydrogène, sont abondantes sur Terre. C’est sur ce sujet que le laboratoire ITER travaille aussi en France.
Cependant, malgré de nombreuses recherches et avancées, la réalisation d’un réacteur de fusion nucléaire viable et économiquement viable reste un défi. Les conditions extrêmes de température et de pression nécessaires pour réaliser la fusion sont difficiles à maintenir et contrôler sur Terre. Les scientifiques travaillent sur différents concepts et technologies, tels que le confinement magnétique et le confinement inertiel, pour surmonter ces obstacles et réaliser un réacteur de fusion fonctionnel dans le futur.
Helion affirme être « la première organisation privée à atteindre des températures de plasma de 100 millions de degrés Celsius (9 keV)« . Cette température est « généralement considérée comme la température minimale requise pour que de grandes quantités de fusion se produisent afin de produire de l’électricité commerciale à partir de la fusion ».
Helion prétend rendre efficace la capture d’électricité de cette manière. Elle a estimé que ses coûts futurs de production d’électricité à partir de la fusion s’élèveraient à environ « 0,01 $ par kWh », sans tenir compte des considérations liées à l’économie d’échelle. En février 2023, le coût moyen de l’électricité pour les consommateurs américains était de 0,23 $ par kilowattheure (il est d’environ 17 centimes d’Euros en France).
D’ici 2028, Helion espère disposer d’une centrale électrique en ligne générant « 50 MW ou plus ». Microsoft obtiendra l’énergie d’Helion par l’intermédiaire du distributeur d’électricité Constellation.
Brad Smith, Le président de Microsoft, déclarait dans un communiqué concernant l’accord :
« Nous sommes convaincus que l’énergie de fusion peut être une technologie importante pour aider le monde à passer à une énergie propre« . »L’annonce d’Helion va dans le sens de nos propres objectifs à long terme en matière d’énergie propre et fera progresser le marché en établissant une nouvelle méthode efficace pour apporter plus d’énergie propre au réseau, plus rapidement«
Helion est une société privée qui compte parmi ses investisseurs Sam Alton, d’OpenAI, Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook, et Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn. Parmi les autres investisseurs figurent Mithril Capital Management, Capricorn Investment Group et Y Combinator. Toutefois, la majeure partie du financement d’Helion provient d’agences gouvernementales américaines, à savoir la NASA, le ministère américain de l’énergie et le ministère américain de la défense, selon Wikipedia.