Amazon : du commerce en ligne à la fourniture d’ « énergie cloud »

Amazon, basée comme Microsoft à Seattle (l’air vivifiant du Pacifique doit décidément faire du bien aux sociétés high tech :)), a publié la semaine dernière ses résultats trimestriels pour le premier trimestre 2012.
Malgré une belle progression de son chiffre d’affaire (+34% à 13,18 milliards de dollars), le résultat net est en baisse (-35% à 130 millions de dollars, soit 28 cents par action). Pour autant, ce résultat net s’est situé très au dessus des attentes de Wall Street (7 cents par action), et le résultat ne n’est pas fait attendre avec une action Amazon qui a pris 15% à l’annonce de ces résultats. Ce résultat net moins à la baisse que prévu est analysé comme un signe positif des investissements consentis par Amazon, en particulier autour de sa tablette Kindle.
La société de Jeff Bezos est un géant du XXIème siècle, certes moins « scintillant » qu’un Apple ou moins omni présent que Google ou Facebook, mais qui dispose aujourd’hui ses pièces dans de nombreux domaines stratégiques :
- Le commerce électronique : le métier historique d’Amazon, qui a su évoluer et pour lequel, au premier trimestre 2012, 90%
des contenus vendus sont numériques (ebooks, musiques, films …). Sur son secteur de prédilection (les livres), Amazon déploie aussi beaucoup d’énergie pour dépasser le stade de « simple revendeur », en investissant notamment la création et en se positionnant en maison d’édition directement auprès des auteurs. - les tablettes numériques : selon la dernière enquête de comScore, en février 2012 le Kindle Fire représenterait 54,4% de parts de marchés sur les tablettes Android (pour 41,8% en janvier et 29,4% en décembre). Par comparaison, le Samsung Galaxy Tab arrive second, loin derrière avec 15,4% de parts de marchés. Ainsi que nous l’évoquions il y a quelques mois dans ce blog, Amazon est en train de rafler la mise sur les tablettes Android. Le prix, la simplicité d’usages et le contenu sont certainement les 3 clés de ce succès, qui génère du chiffre d’affaires direct (la tablette elle-même) et indirect (les ebooks) pour Amazon.
- les infrastructures de Cloud Computing : certainement la partie la moins visible du grand public de « l’iceberg » Amazon, mais pour autant un domaine stratégique, avec une forte présence de la société et des références fameuses (par exemple, Dropbox ou Apple pour son offre iCloud – dont une partie est aussi hébergée sur Microsoft Azure). Et même si il est difficile de mesure exactement l’emprise d’Amazon avec son offre AWS (Amazon Web Services), plusieurs études ont récemment tenté d’estimer celle ci. Ainsi selon une récente étude publié par un consultant d’Accenture, ce serait plus de 450 000 serveurs qui utiliseraient ces solutions, pour un chiffre d’affaire (lui aussi estimé, car Amazon ne donne pas cette information) d’un milliard de dollars. Amazon fournit quand même quelques indications sur la volumétrie, comme par exemple en juin 2011, lorsqu’un de ses représentants indiquait que « chaque jour, Amazon ajoute à AWS assez de ressources qu’il aurait été nécessaire pour supporter tout Amazon.com pendant les 5 premières années d’existance de la société, à l’époque où son CA annuel était de 2,8 milliards de dollars« . Une autre estimation produite par la société américaine Deepfield Networks estime qu’aujourd’hui, un tiers des utilisateurs d’Internet passerait au moins une fois par jour sur un site hébergé sur AWS, et qu’1% du trafic grand public global d’Internet viendrait de ou irait sur un site AWS.
Ce succès créé bien entendu des tensions chez les concurrents d’Amazon (et ils sont nombreux vu l’étendue du périmètre de son offre). Ainsi, Apple qui a développé un mode contractuel avec les éditeurs pour la vente de livres sur l’iTunes Store, connu son le nom de modèle d’agence, qui laisse les éditeurs ou auteurs définir leur prix de vente, Apple prélevant 30% sur cette vente. Amazon développe, quant à lui un modèle différent, qui lui permet de définir le prix de vente des ouvrages, reversant ensuite une somme fixée à l’avance aux auteurs et éditeurs, et permettant à Amazon de tirer à la baisse le prix moyen des ouvrages vendu, voire de potentiellement vendre à perte (pour emporter de la part de marché et imposer sa liseuse). Cette situation a attiré l’oeil des juridictions américaines et européennes qui scrutent les pratiques des uns et des autres, mais plus particulièrement d’Apple, accusé d’entente avec les éditeurs pour fixer des prix élevés des livres vendus (au détriment des consommateurs donc). Du côté du business des tablettes, Google s’inquiète aussi un peu du poids croissant d’Amazon sur le marché des tablettes Android, en passe d’acquérir des capacités d’influencer et de décider, que Google pensait être le seul à détenir !
Voilà donc de quoi alimenter la machine à rumeurs et attaques en tout genre dans les prochains mois.
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