PowerPoint se dote d’un traducteur de jargon :)
Le PowerPoint de 2025 n’a plus grand-chose à voir avec les versions monocordes des années 2000, alignant des bullet points fades sur fond de dégradés douteux. Si la mise en forme a depuis longtemps laissé place aux transitions spectaculaires et aux animations trop zélées, Microsoft y injecte désormais une couche d’intelligence artificielle bien sentie. Dernière nouveauté en date : Explainer, une fonctionnalité propulsée par Copilot qui promet de rendre vos présentations enfin… plus compréhensibles… ou pas 🙂
Un jargon traduit, pas trahi
La promesse de l’Explainer est limpide : traduire un jargon technique abscons ou des acronymes corporate nébuleux en un langage digeste, sans compromettre le fond. En pratique, il suffit d’un clic droit sur un élément textuel d’une diapositive (ou d’un surlignement) pour faire apparaître l’option « Explain this ». Microsoft Copilot se charge alors de résumer et vulgariser le contenu sélectionné dans un panneau latéral dédié, évitant toute pollution visuelle du canevas principal.
Et Microsoft insiste : ces résumés ne sont ni génériques ni hors-sujet. L’IA contextualise le texte à partir du reste de la présentation. En clair, il ne s’agit pas de définitions Wikipedia copiées-collées, mais bien d’un résumé intelligent du contexte immédiat.
L’IA comme interface de décodage… ou comme rustine UX ?
Sur le papier, l’idée est brillante : l’IA ne crée plus seulement du contenu, elle le rend intelligible. Mais si l’on gratte un peu le vernis, on peut s’interroger : à quoi bon ajouter une fonctionnalité qui corrige des présentations… mal faites ? Ou trop complexes ? L’Explainer pourrait bien être un aveu implicite que PowerPoint est devenu l’outil de tous les excès textuels.
Dans une logique d’entreprise, ce nouvel outil se présente comme un allié de la productivité, réduisant les frictions dans la lecture de documents trop denses, et donc accélérant la prise de décision. Mais au fond, ne sommes-nous pas en train de rajouter une surcouche d’IA pour résoudre des problèmes que de meilleures pratiques de présentation auraient pu éviter ?
Un Copilot très accessible (sauf si vous êtes hors licence M365 Copilot…)
L’Explainer est désormais disponible pour toutes les versions de PowerPoint à partir de la build 19328.20072 sur Windows ou 25110343 sur macOS. Mais attention, comme souvent avec les friandises IA de Microsoft, il faut être titulaire d’une licence Microsoft 365 Copilot, ce qui en restreint considérablement l’usage à date.
Autre détail important : cette fonctionnalité n’est pas activée par défaut pour les utilisateurs en environnement d’entreprise si l’administrateur n’a pas validé son déploiement. Une friction de plus qui pourrait freiner son adoption immédiate en environnement strictement gouverné.
Ce qu’on en pense côté DSI
Côté architecture et gouvernance, l’arrivée d’Explainer ne pose pas de question technique insurmontable, mais il soulève un point de vigilance : si les résumés sont générés dans le cloud Copilot, qu’en est-il des données confidentielles contenues dans les présentations ? La documentation Microsoft reste vague sur les limites exactes de l’analyse sémantique et sur la traçabilité des requêtes.
Les DSI devront donc faire preuve de pragmatisme éclairé : d’un côté, Explainer peut fluidifier les relectures, aider les fonctions transverses à digérer des livrables complexes (typiquement des comités projets ou des rapports d’avancement techniques) ; de l’autre, il s’agit d’un accès indirect à des contenus potentiellement sensibles, analysés par un modèle propriétaire.
Ajoutons à cela une probable phase de rodage (Explainer vient d’être lancé, et les utilisateurs sont invités à remonter les problèmes ou lacunes via l’outil de feedback intégré) : mieux vaut donc limiter l’usage à des cas peu critiques tant que la maturité de l’outil n’est pas confirmée.
En conclusion : utile, mais symptomatique
L’Explainer dans PowerPoint n’est pas une révolution technique, mais une réponse UX pertinente à un usage trop souvent dévoyé de l’outil de présentation. En simplifiant la compréhension de contenus surchargés, Microsoft ne corrige pas le problème : il le contourne avec élégance.
Un ajout intelligent donc, mais aussi le miroir d’une tendance lourde : l’IA comme patch universel à nos mauvaises habitudes documentaires. Les DSI devront en tirer deux leçons : l’une, immédiate, pour tester l’usage dans des cas concrets ; l’autre, plus stratégique, pour questionner en profondeur la manière dont l’information circule et se formalise dans l’entreprise.