Windows Server 2025 passe au NVMe natif
En avril 2024, Microsoft promettait monts et merveilles : Windows Server 2025 allait enfin bénéficier d’un support natif pour les SSD NVMe, avec à la clé un bond spectaculaire de 70 % des performances IOPS par rapport à Windows Server 2022. Plus d’un an plus tard, avec la mise à disposition générale de cette fonctionnalité via le patch KB5066835 d’octobre 2025, l’heure est venue de faire les comptes. Spoiler : Microsoft ne s’est pas contenté de tenir parole — il a (légèrement) surperformé.
Un retard technologique enfin comblé
Commençons par un constat simple : il aura fallu attendre 2025 pour que Windows Server propose enfin un chemin d’accès natif aux SSD NVMe, sans passer par l’émulation SCSI. Cela peut sembler anodin, mais c’est une évolution de fond qui marque une rupture avec une logique héritée des disques rotatifs.
Historiquement, Windows traitait tous les périphériques de stockage via une pile SCSI, héritée d’un temps où les têtes de lecture étaient physiques et les latences mécaniques. Si ce modèle convenait aux HDDs, il freinait les SSD NVMe, conçus pour fonctionner en accès direct via des files d’attente parallèles, sans les verrous de synchronisation propres à SCSI.
L’arrivée du support natif signifie donc : moins de latence, plus d’efficacité CPU, et des performances débridées.
Des chiffres qui parlent (presque) d’eux-mêmes
Microsoft avance aujourd’hui des chiffres plus ambitieux qu’en 2024 :
- +80 % de performances IOPS par rapport à Windows Server 2022 (contre 70 % annoncés initialement)
- -45 % de cycles CPU utilisés par I/O sur des workloads 4K random read en NTFS
Ces gains ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une nouvelle pile de stockage qui exploite nativement les spécificités NVMe :
- Accès direct multi-queue : exploitation complète du parallélisme matériel
- I/O path sans verrou : élimination des verrous partagés pour fluidifier les appels systèmes
- Pile optimisée CPU : réduction drastique de la surcharge logicielle
- Support natif des fonctionnalités NVMe avancées : ready pour le futur, et sans surcharge de pilote
Le tout permet à l’OS de vraiment atteindre les limites physiques des disques modernes. Une évolution qui était attendue de longue date, surtout quand Linux, FreeBSD et même VMware vSphere proposent ce type de support depuis… bien longtemps.
Activation manuelle : pourquoi faire simple ?
Dans une décision qui fleure bon la prudence bureaucratique, Microsoft n’active pas cette fonctionnalité par défaut, malgré son statut « GA ». Il faut passer par une activation manuelle via PowerShell ou GPO :
reg add HKEY_LOCAL_MACHINE\SYSTEM\CurrentControlSet\Policies\Microsoft\FeatureManagement\Overrides /v 1176759950 /t REG_DWORD /d 1 /f
Ou bien activer la stratégie locale via GPO :
Local Computer Policy > Computer Configuration > Administrative Templates > KB5066835 251014_21251 Feature Preview
Une activation manuelle qui a le mérite de laisser la main aux admins, mais qui risque d’enfouir la nouveauté dans les oubliettes de la roadmap pour ceux qui n’ont pas le nez dans les KB.
Et côté clients Windows 11 ?
Le plus intéressant est que Windows Server 2025 partage sa base de code avec Windows 11 24H2/25H2. Microsoft a même laissé entendre que les workloads grand public, notamment le gaming, pourraient bénéficier des mêmes optimisations NVMe. On imagine déjà les builds orientées performance gagner en efficacité sur les chargements et les accès disque, même si ces gains seront bien plus subtils côté desktop que dans un datacenter.
Un saut générationnel tardif, mais structurant
Certes, ce support NVMe natif arrive tard. Mais il représente une bascule stratégique majeure dans la façon dont Windows gère le stockage moderne.
Ce changement libère enfin les performances réelles des disques NVMe dans un environnement Windows, sans dépendre d’astuces ou de pilotes tiers. Il optimise l’efficacité globale des serveurs, réduit la charge CPU et s’aligne sur les standards du marché déjà bien établis.
En somme : ce n’est pas une révolution, mais c’est une mise à niveau absolument nécessaire. Pour les environnements virtualisés, hyperconvergés, les bases de données à fort I/O ou encore les workloads conteneurisés, le gain est réel. Il reste maintenant à Microsoft de ne pas répéter les erreurs du passé : l’innovation doit devenir la norme, pas l’exception.