Microsoft Copilot, Foundry et quotas très difficiles à atteindre pour les commerciaux : quand la réalité rattrape l’enthousiasme IA
Microsoft vient de réviser à la baisse les objectifs de croissance de ses produits d’agents IA, après que de nombreux commerciaux n’ont pas atteint leurs quotas. L’information, a été révélée par The Information.
Les agents IA étaient pourtant la star incontestée de la feuille de route 2025. Contrairement aux simples assistants conversationnels, ces systèmes doivent exécuter des tâches complexes de bout en bout : construire un tableau de bord à partir de données brutes, rédiger un rapport client structuré, automatiser une chaîne métier entière… En théorie, un rêve pour ceux en quête de productivité. En pratique : un terrain encore glissant ou disons que toutes les briques ne sont pas encore sèches…
Le choc commercial : quotas irréalistes et adoption poussive
Chez Azure, certains commerciaux devaient augmenter de 50 % les dépenses clients sur Foundry, la plateforme permettant de concevoir des applications IA avancées. Résultat : moins de 20 % auraient atteint l’objectif. D’autres équipes devaient carrément doubler les ventes… avant que Microsoft baisse les ambitions
Derrière ces chiffres se cache une évidence que beaucoup de décideurs techniques constatent déjà : les entreprises ne sont pas prêtes à payer (cher) pour des agents IA encore trop immatures.
Même Copilot souffre d’un décalage entre intention et adoption réelle. Certains grands comptes, on en connait :), ont acheté des milliers de licences… mais les employés préfèrent ChatGPT pour les usages génériques, reléguant Copilot à un rôle d’outil contextuel (Outlook, Teams). Autrement dit : la proposition de valeur n’est pas encore suffisamment différenciante.
l‘IA Agentic : élégante en démonstration, fragile en production
Les premiers mécanismes d’agents IA — dispatching de tâches parallèles, supervision multi-modèles, auto-évaluation — se sont rapidement perfectionnés depuis 2023. Mais ils héritent tous du même talon d’Achille : la confabulation, cette tendance des modèles à produire des réponses fausses mais confiantes.
Les architectures agentiques atténuent certains problèmes… mais pas la racine du mal. Face à des situations inédites, ou mal représentées dans les données d’entraînement, un agent peut échouer de manière spectaculaire — et parfois coûteuse. Un peu comme un stagiaire zélé qui a trop confiance en lui.
L’industrie rêve donc d’une solution miracle : l’AGI, un système capable de généraliser réellement. Mais tant que cette hypothèse reste théorique (et mouvante), les agents IA occupent un entre-deux frustrant : plus puissants qu’un modèle isolé, mais encore trop peu fiables pour un usage totalement autonome en contexte critique.
Infrastructure : Microsoft continue d’investir, malgré l’hésitation du marché
Microsoft ne ralentit pourtant pas sa machine d’investissement : 34,9 milliards de dollars de capex sur le dernier trimestre fiscal, un record. Ironie du sort, une grande partie de ses revenus IA provient aujourd’hui… d’autres entreprises IA qui louent son cloud, et non des entreprises traditionnelles adoptant massivement les agents IA.
C’est peut-être là que réside le vrai enjeu : l’écosystème IA construit les rails d’une révolution que les entreprises n’ont pas encore décidé de prendre.
Que faut-il retenir ?
- Les agents IA sont prometteurs mais encore instables pour des processus critiques.
- Les coûts d’adoption (financiers, organisationnels, sécurité, gouvernance) restent élevés.
- Les gains annoncés reposent sur des cas idéalisés, rarement représentatifs des environnements hétérogènes des grandes entreprises.
- L’attente d’une véritable généralisation reste à moyen terme — peut-être plus loin que certains discours marketing ne le laissent entendre.
En somme : la technologie progresse très vite, mais pas aussi vite que les objectifs commerciaux de Microsoft…