Microsoft Ignite 2025 en synthèse : les 7 choses à retenir

La conférence Ignite 2025 de Microsoft s’est ouverte hier soir à San Francisco, mais c’est loin d’être un Ignite comme les autres. Pour la première fois depuis plusieurs années, Satya Nadella n’est pas monté sur scène pour l’ouverture. C’est Judson Althoff, nouveau CEO de la division commerciale, qui a assuré le keynote d’introduction. Nadella, quant à lui, était officiellement occupé à orchestrer les « super-usines de l’IA » et leurs « flottes fongibles » — concept aussi nébuleux que suggestif — qui incarneraient la nouvelle vision de l’infrastructure cloud de Microsoft.

Mais que Nadella soit là ou pas, le message est clair : l’IA est partout, les agents encore plus. Et Azure devient l’épine dorsale de cette nouvelle génération d’intelligences applicatives.

Difficile néanmoins de faire une synthèse des nombreuses annonces d’hier. Nous allons néanmoins essayer, en revenant sur 7 points essentiels à notre avis. Nous reviendrons plus en détail sur ces annonces avec des posts dédiés durant ces prochains jours. Et nous décrypterons bien sur cela lors du prochain Briefing Calipia.

1. Agent 365 : le plan de contrôle des agents fait son entrée

Nous vous en parlions sur le blog, quand ce n’était qu’une rumeur, Microsoft a officiellement lancé Agent 365 est une plateforme pour gouverner les agents intelligents comme des entités d’entreprise à part entière. Cela signifie identité (via Entra Agent ID), gouvernance, conformité, sécurité et intégration native dans les outils Microsoft 365.

Chaque agent est désormais un citoyen numérique géré : il peut être déployé via un SDK spécifique, publié sur un App Store dédié, et intégré automatiquement aux politiques de sécurité sans code personnalisé. Ce paradigme — l’agent comme un compte utilisateur — ouvre des perspectives nouvelles, notamment en matière d’auditabilité et de responsabilisation algorithmique : très interessant.

Dans le même temps, sur un sujet lié, Microsoft à annoncé Agent Factory, qui fusionne Copilot Studio et Foundry pour proposer une solution intégrée de conception, test, et déploiement d’agents sur tous les fronts : Office, cloud, ligne métier. Le modèle est “metered”, c’est-à-dire basé sur l’usage, mais aucun détail de tarification n’est encore communiqué.

2. Work IQ, Fabric IQ, Foundry IQ

Évolution de Context IQ, Work IQ crée une couche d’abstraction pour connecter les agents à vos fichiers, emails, réunions et habitudes de travail. Désormais accessible via API, Work IQ permet aux développeurs d’exploiter cette mémoire organisationnelle pour entraîner des agents plus pertinents.

Fabric IQ étend le semantic layer de Power BI à des millions de modèles métiers. Il permet aux agents de comprendre les structures opérationnelles d’une entreprise. Foundry IQ, quant à lui, repose sur Azure AI Search et ambitionne de révolutionner le RAG (Retrieval-Augmented Generation) avec une approche unifiée de la connaissance organisationnelle. L’IA n’est plus seulement “générative”, elle devient contextuellement compétente. Les implications pour les applications d’entreprises sont assez nombreuses, nous y reviendrons dans un post dédiés un peu plus tard.

3. Security Copilot inclus pour les clients Microsoft 365 E5

Les clients E5 bénéficieront désormais gratuitement de Security Copilot avec 400 SCU (Security Compute Units) par 1000 utilisateurs. Cela représente un avantage commercial de 1600 dollars par mois, extensible à 40 000 $ en valeur. Microsoft cherche ici à pousser l’usage de l’IA dans le domaine de la cybersécurité proactive, en intégrant de façon fluide alertes, remédiations et recommandations. Mais aussi pousser son avantage sur un terrain où les « purs players » sont légions.

4. Microsoft 365 Copilot Business : enfin une offre PME/PMI moins chère

Bonne nouvelle pour les PME : l’offre Microsoft 365 Copilot Business sera disponible à 21 $ par utilisateur à partir de décembre 2025 pour les entreprises de moins de 300 utilisateurs. Une baisse de prix qui vise à démocratiser l’IA de productivité… tout en consolidant l’usage des services Azure sous-jacents.

5. Agents dédiés Word, Excel, PowerPoint : confusion ou granulation ?

Microsoft introduit des agents spécifiques à chaque application Office, disponibles via le programme Frontier. Reste que la distinction entre ces agents spécialisés, les agents “généraux” et les modes Agent intégrés reste floue. Microsoft ne communique pas encore clairement sur la hiérarchie ou la complémentarité de ces assistants.

6. SQL Server 2025 est disponible : la base de données “AI-ready”

Microsoft présente SQL Server 2025 comme la version la plus importante depuis une décennie : sémantique avancée, requêtes en langage naturel, intégration Copilot, chiffrement amélioré et interopérabilité avec GitHub. Azure HorizonDB, un nouveau service PostgreSQL pour applications critiques, entre aussi en preview.

7. Windows devient un OS agentique et Windows 365 une plateforme d’agents actifs

Microsoft fait entrer Windows 11 dans une nouvelle ère : celle du “système d’exploitation agentique”. En clair, le système incorpore des connecteurs d’agents (paramètres, explorateur de fichiers), un bouton Ask Copilot dans la barre des tâches, et un environnement d’exécution contrôlé pour agents (sandbox avec auditabilité). Avec le Model Context Protocol, Windows expose une couche commune pour permettre aux agents de manipuler directement les éléments système. Une refonte qui inquiète certains vétérans de Windows, mais qui semble inévitable pour Microsoft.

De même avec Windows 365 for Agents, les agents peuvent désormais interagir directement avec des Cloud PC, exécuter des applications, automatiser des tâches et exploiter des services Copilot dans un environnement sécurisé. Une logique d’OS déporté, contrôlé et activable par agent.

Un petit bonus pour la fin : Claude rejoint GPT sur Azure

Quelques jours avant le lancement officiel de la conférence, Microsoft avait annoncé l’intégration des modèles d’Anthropic (Claude) à Azure Foundry, nouvellement rebaptisé Microsoft Foundry. Cette alliance n’est pas qu’une vitrine marketing : elle marque une montée en puissance stratégique pour Microsoft, qui devient le seul fournisseur cloud à proposer à la fois Claude et les modèles GPT sur une plateforme unifiée.

Les implications sont vastes : Claude sera bientôt disponible dans l’ensemble des Copilot — GitHub, Microsoft 365 et Copilot Studio — avec une promesse d’interopérabilité et de complémentarité. En parallèle, Microsoft annonce jusqu’à 5 milliards de dollars d’investissement dans Anthropic, tandis que ce dernier s’engage à consommer 30 milliards de dollars de ressources Azure. Un échange de bons procédés qui ancre Claude dans l’écosystème Microsoft à long terme.

Conclusion : vers une gouvernance algorithmique d’entreprise

Le fil rouge de cet Ignite est sans équivoque : Microsoft prépare l’ère des agents comme acteurs de la vie numérique professionnelle. Chaque agent est une identité, chaque interaction est traçable, chaque décision est assistée. La maturité des outils est impressionnante, même si certaines zones d’ombre persistent (tarification, gouvernance fine, granularité des rôles…).

Il reste aux DSI à choisir leur posture : piloter cette transformation ou la subir via des décisions prises au niveau métier. Une chose est sûre : l’agent de demain n’est pas un gadget, c’est un nouveau type d’employé numérique, aussi utile qu’exigeant à encadrer.

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