Agents IA dans le e-commerce : quand Amazon verrouille la porte à Perplexity
Perplexity, startup prometteuse dans le domaine des agents conversationnels, s’est récemment fendue d’un billet de blog titré « Bullying Is Not Innovation », dénonçant une supposée tentative d’intimidation de la part d’Amazon. Le sujet ? Une interdiction formulée par le géant du e-commerce interdisant aux utilisateurs de Perplexity d’envoyer leurs agents IA naviguer et acheter sur Amazon. D’un simple litige d’accès, l’affaire est devenue le théâtre d’un bras de fer stratégique entre deux visions du commerce numérique.
Contexte technique : les agents IA s’invitent à la caisse
La promesse d’un agent IA capable de faire vos courses en ligne sans supervision directe est loin d’être de la science-fiction. Grâce aux modèles de langage avancés, il est désormais techniquement possible de déléguer à une IA le soin de comparer, choisir, et finaliser un achat – une évolution qui menace l’un des piliers économiques d’Amazon : le parcours utilisateur propriétaire et monétisé.
Amazon tire des dizaines de milliards de dollars par an de la publicité placée sur sa marketplace. C’est un système finement calibré où chaque clic, chaque recherche, chaque retour en arrière est mesuré et valorisé. L’introduction d’un agent tiers dans ce parcours casse la chaîne de valeur : moins de publicité, moins de données, moins de contrôle. Pour Amazon, laisser un bot de Perplexity faire les courses revient à ouvrir les portes à un saboteur algorithmique.
Le cadre juridique et les limites de l’automatisation
Juridiquement, Amazon est dans son droit. Les conditions d’utilisation de son site interdisent explicitement l’accès automatisé non autorisé, et les « bot crawlers » ont toujours été dans le collimateur des géants du web. Mais le problème n’est pas seulement légal – il est structurel : comment intégrer ces nouveaux agents dans une économie numérique conçue sans eux ?
Perplexity, dans son plaidoyer, brandit la bannière de la liberté utilisateur. L’argument est séduisant mais pose de vraies questions. À qui appartiennent les interactions numériques ? À l’utilisateur, à l’IA qui le représente, ou à la plateforme qui héberge la transaction ? En refusant l’accès à ces agents, Amazon protège certes son modèle, mais aussi – potentiellement – l’utilisateur contre des achats erronés ou mal personnalisés.
Des agents encore (trop) imparfaits
Lors de la dernière conférence de résultats, le CEO d’Amazon, Andy Jassy, a pointé du doigt les lacunes techniques de ces agents : absence de personnalisation, erreurs de prix, estimations de livraison incorrectes. Ce sont des critiques fondées – les IA actuelles, aussi avancées soient-elles, commettent encore trop d’erreurs pour être déployées sans supervision humaine dans des contextes transactionnels.
On imagine mal une entreprise comme Amazon tolérer qu’un tiers, non agréé, propose à un utilisateur un produit à un mauvais prix, livré en retard, et que ce dernier en tienne Amazon pour responsable.
Ce bras de fer n’est pas un cas isolé
Le cas Perplexity-Amazon rappelle d’autres tensions dans l’écosystème numérique. Salesforce, par exemple, freine l’intégration d’agents IA tiers comme Glean dans ses applications. L’enjeu est toujours le même : la maîtrise de l’expérience utilisateur et la sécurisation des données propriétaires.
Les grands éditeurs historiques voient d’un mauvais œil ces outils qui s’interposent entre l’utilisateur final et la plateforme. Derrière la posture parfois victimisante des startups, il y a aussi une réelle volonté de forcer l’accès à des systèmes qui n’ont pas été conçus pour être ouverts.
Conclusion : innovation ou intrusion ?
Le conflit entre Amazon et Perplexity est symptomatique d’une transformation plus large : l’arrivée des agents IA remet en cause les modèles d’interaction homme-machine sur lesquels repose tout l’édifice numérique actuel. Il ne s’agit pas d’un simple caprice de startup face à un géant autoritaire. Mais il serait naïf de croire que l’innovation justifie à elle seule le contournement des garde-fous.
Perplexity pose une vraie question d’avenir. Mais pour que les agents IA deviennent des citoyens numériques responsables, il faudra plus qu’un blog post dramatique. Il faudra des standards, de la transparence, et surtout une infrastructure conçue pour les accueillir.
Ce phénomène risque bien de s’amplifier avec la généralisation des MCP, où l’on peut tout simplement contourner une IA intégré pour interroger son patrimoine de données par exemple depuis un autre agent… C’est un des exemple que nous prendrons comme illustration des MCP lors du prochain Briefing Calipia en montrant comment faire du M365 Copilot à partir de Claude ou ChatGPT dans utiliser la licence pleine M365 Copilot mais en passant par les MCP… de Microsoft !