AWS réaccélère sous l’effet des investissements massifs en IA

Pendant plusieurs trimestres, le ciel semblait s’assombrir au-dessus d’Amazon Web Services (AWS). Croissance en berne, investisseurs nerveux, concurrence d’Azure et de Google Cloud… le géant du cloud paraissait freiner dans un marché pourtant en pleine mutation. Mais les derniers résultats trimestriels ont remis un peu de bleu dans le ciel d’Amazon : +20 % de croissance pour AWS, soit près de trois points de mieux que le trimestre précédent. Une accélération que le groupe n’avait plus connue depuis fin 2022.

Ce rebond a immédiatement ravivé la confiance des marchés : +13 % pour le titre Amazon après la publication des résultats, preuve que les investisseurs ont entendu le message d’Andy Jassy, le CEO du groupe. Le message est clair : l’argent dépensé dans l’intelligence artificielle n’est pas une fuite en avant, mais un pari calculé — et rentable.

AWS : un géant qui grossit encore

Avec un chiffre d’affaires annualisé estimé à 132 milliards de dollars, AWS reste le mastodonte incontesté du cloud mondial. À titre de comparaison, Microsoft Azure affiche environ 75 milliards de revenus annuels, tandis que Google Cloud, plus modeste, reste en retrait malgré une croissance plus rapide. Autrement dit, comparer les taux de croissance sans tenir compte des volumes revient à comparer un paquebot et un voilier : le premier met plus de temps à virer, mais il transporte infiniment plus de passagers.

Pour les DSI , cette stabilité est une donnée clé : la taille d’AWS n’est plus seulement un atout de puissance, mais aussi de résilience. L’infrastructure mondiale, la maturité des services managés, et la montée en puissance de l’écosystème AI natif d’Amazon consolident la position du fournisseur dans les appels d’offres critiques.

Des milliards pour (re)créer de la vitesse

Amazon a dépensé sans compter : 34,2 milliards de dollars en investissements (capex) rien que sur le dernier trimestre, et un total attendu de 125 milliards sur l’année. C’est plus que tout autre acteur du cloud — même Google, qui prévoit jusqu’à 93 milliards. Et cette frénésie d’investissement n’est pas anodine : elle reflète une stratégie de long terme centrée sur la capacité et l’IA.

Fait notable : sur les neuf premiers mois de l’année, Amazon a dépensé davantage qu’il n’a généré de cash opérationnel. Autrement dit, le géant du e-commerce et du cloud brûle temporairement de la trésorerie pour muscler son futur. Mais la direction reste sereine : le quatrième trimestre, traditionnellement boosté par les ventes de fin d’année, devrait compenser largement cet effet de levier.

L’intelligence artificielle, moteur de la reprise

Andy Jassy insiste : les investissements colossaux ne sont pas aveugles. AWS constate une demande exponentielle pour ses services liés à l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse d’infrastructures GPU, de modèles de fondation ou de son processeur maison, Trainium, conçu pour l’entraînement de modèles IA à grande échelle.

Ce positionnement est stratégique : contrairement à Microsoft, qui capitalise sur son partenariat avec OpenAI, ou à Google, qui mise sur son propre stack (TPU, Gemini, Vertex AI), Amazon joue la carte de la flexibilité et du multi-choix. Les clients AWS peuvent utiliser Bedrock pour orchestrer différents modèles, tout en profitant d’une infrastructure optimisée pour l’IA, sans dépendre d’un acteur unique.

Pour les décideurs IT, cette approche hybride offre une garantie de souveraineté technologique et de maîtrise des coûts — deux priorités dans le contexte actuel.

Une éclaircie durable ?

La reprise d’AWS ne règle pas tout : Azure continue d’afficher une croissance deux fois plus rapide, et Google Cloud gagne du terrain sur le segment applicatif. Mais le trimestre prouve que le moteur d’Amazon n’est pas grippé. Mieux encore : il démontre que la transition vers un cloud enrichi par l’IA peut être synonyme de croissance retrouvée, même à grande échelle.

En clair, Amazon a choisi d’affronter la tempête en accélérant — et pour l’instant, la manœuvre semble payante.

Reste à voir si le ciel restera dégagé en 2025… ou si la concurrence rallumera les éclairs.

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