La fin du support de Windows 10 : entre menace cybersécurité et argument… marketing

Le 14 octobre 2025 marque un tournant discret mais majeur : Windows 10 n’est plus officiellement supporté. Après dix années de bons et loyaux services, Microsoft a mis fin aux mises à jour de sécurité régulières. L’éditeur de Redmond invite désormais les entreprises à migrer vers Windows 11, de préférence rapidement — très rapidement. Et pour appuyer cette transition, la firme multiplie les messages alarmistes sur les dangers de rester sur un système “obsolète”.

Mais derrière cette communication bien huilée se cache une stratégie plus complexe, où sécurité, conformité et opportunisme commercial s’entremêlent assez largement…

Un discours de peur (calculée)

Dans un billet publié sur le blog Windows for Business, Microsoft rappelle les risques encourus par les organisations qui maintiennent des environnements Windows 10 non patchés :

  • lacunes dans la sécurité des terminaux,
  • non-conformité réglementaire,
  • failles dans les mécanismes de contrôle d’accès,
  • et perte de gouvernance sur les données sensibles.

L’argumentaire est limpide : sans correctifs, chaque machine devient une cible. L’entreprise cite même un chiffre choc tiré de ses propres rapports : 90 % des attaques par ransomware touchent des équipements non gérés ou insuffisamment sécurisés.

La métaphore employée est aussi évocatrice que dramatique : « Les hackers n’ont pas besoin de forcer votre porte la mieux verrouillée. Ils attendent simplement que vous laissiez une fenêtre ouverte. »

En clair, chaque mois passé sur Windows 10 offrirait un boulevard aux attaquants.

L’oubli volontaire du programme ESU

Ce qui intrigue, c’est ce que Microsoft ne dit pas. Le billet passe sous silence le programme Extended Security Updates (ESU), qui permet pourtant de continuer à recevoir des correctifs de sécurité payants pendant trois années supplémentaires, étonnant ?

Il ignore aussi la protection prolongée assurée par Microsoft Defender, dont les mises à jour continueront un temps, même après la fin du support principal.

Cette omission n’est sans doute pas un hasard. Mettre en avant les alternatives temporaires à la migration vers Windows 11 risquerait d’encourager certaines entreprises à différer leur bascule. Or, Microsoft veut éviter toute inertie.

Un rappel utile pour les DSI… mais pas désintéressé

Sur le fond, le message reste pertinent : maintenir des systèmes obsolètes dans une infrastructure moderne est une aberration sécuritaire. Les audits de conformité deviennent plus contraignants, les frameworks évoluent plus vite que les systèmes, et les coûts de remédiation après incident explosent.

Mais sur la forme, on sent poindre le double discours : l’avertissement se transforme rapidement en outil marketing vantant les mérites de Windows 11.

Microsoft en profite pour évoquer les technologies de son écosystème moderne :

  • les plateformes Intel vPro pour la sécurité matérielle,
  • Windows Hello for Business pour l’authentification sans mot de passe,
  • l’initiative Secure Future (SFI),
  • et les nouvelles générations de PC Copilot+, capables d’exécuter des tâches d’IA localement.

Difficile de ne pas voir dans ce discours un subtil (ou pas !) mélange de prévention et de promotion commerciale.

Migrer, oui — mais avec méthode

Pour les DSI, la question n’est pas faut-il migrer ? mais comment migrer intelligemment ?

Microsoft conseille de :

  • cartographier les environnements encore sous Windows 10,
  • prioriser les postes à risque,
  • renforcer temporairement la sécurité des systèmes hérités,
  • et planifier des migrations progressives vers Windows 11 (ou vers des solutions cloud natives, selon les cas d’usage).

En d’autres termes, la fin du support de Windows 10 doit être vue comme une opportunité d’assainissement de l’écosystème IT, et non comme une panique à gérer dans l’urgence. Merci Microsoft !

En conclusion

La mort de Windows 10 ne signe pas la fin du monde, mais elle révèle une vérité que beaucoup préféraient ignorer : la dette technique se paie tôt ou tard, souvent en heures de remédiation et en nuits blanches.

Microsoft, de son côté, joue parfaitement la partition du “père protecteur” : inquiet pour votre sécurité, mais ravi de vous vendre un nouveau PC pour vous rassurer.

Et que se passerait-il si demain une attaque massive ferait jour sur le parc Windows 10 ? Microsoft pourra-t-il réellement laisser les clients avec ce problème alors que l’éditeur aura forcément sous le coude le correctif (développé pour les entreprises ayant souscrites à l’ESU ? Je suis persuadé du contraire, car dans la négative les accusations fuseraient logiquement de toutes parts…

Nous en reparlerons forcément lors du prochain Briefing Calipia. Au plaisir d’en discuter avec vous.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.