Gemini Enterprise, la riposte à Copilot dans la bataille des assistants d’entreprise
Depuis un an, Microsoft déploie une énergie presque désespérée pour imposer Copilot dans les environnements professionnels. En incitant les administrateurs IT à activer la recherche web dans Microsoft 365 Copilot et en encourageant même l’usage de licences personnelles en entreprise, Redmond tente d’installer son copilote comme compagnon de travail universel. Mais la riposte vient désormais de Mountain View : Google dévoile Gemini Enterprise, une offre qui ambitionne de redéfinir l’assistant conversationnel pour l’entreprise.
Un assistant, ou plutôt une plateforme conversationnelle
Gemini Enterprise n’est pas un simple chatbot déguisé en produit professionnel. Google le présente comme une plateforme conversationnelle profondément ancrée dans les données et les processus de l’entreprise. L’idée est claire : offrir une interface dialogique capable de naviguer dans les fichiers internes, les applications et les systèmes métiers, sans quitter le cadre de gouvernance et de sécurité imposé par le SI.
Ce n’est plus seulement une IA qui “parle” – c’est une IA qui agit dans le système d’information, interagit avec les données de production, et peut être utilisée pour construire des agents internes adaptés à chaque organisation. Une sorte de “framework de copilotes” plutôt qu’un copilote unique.
La promesse : productivité et intégration
Selon Google Cloud, Gemini Enterprise doit être perçu comme une solution full-stack intégrée dans le cloud de l’entreprise. Elle repose sur l’infrastructure de calcul la plus avancée : GPU Nvidia, TPU maison, et bien sûr les modèles Gemini les plus récents.
Cette approche full-stack n’est pas qu’un argument marketing : elle vise à garantir des performances constantes et une intégration native avec les services Google Cloud (Workspace, BigQuery, Vertex AI, etc.).
L’un des arguments-clés de Google est que plus de 50 % du code produit par ses clients l’est désormais via des outils IA alimentés par Gemini. Une tendance lourde : les ingénieurs ne “codent” plus, ils valident et ajustent ce que les modèles génèrent.
Une guerre de modèles… et de modèles économiques
Gemini Enterprise sera proposé à 30 dollars par utilisateur et par mois, tandis qu’une version allégée, Gemini Business, visera les PME à 21 dollars. Microsoft 365 Copilot, de son côté, reste positionné dans une fourchette équivalente. La bataille ne se jouera donc pas sur le prix, mais sur la pertinence de l’intégration et la simplicité du déploiement dans des écosystèmes parfois déjà très verrouillés. Nous en reparlerons lors du prochain Briefing Calipia :
D’un point de vue technique, la vraie différence entre les deux géants réside dans la philosophie d’intégration :
- Microsoft ancre Copilot dans ses outils historiques (Office, Teams, SharePoint), misant sur la continuité.
- Google, plus “cloud-native”, cherche à offrir un environnement plus modulaire, davantage tourné vers les API et l’interopérabilité.
En d’autres termes, Copilot s’invite dans vos documents ; Gemini Enterprise s’invite dans votre infrastructure.
Pour les DSI, un nouvel arbitrage à venir
Pour les directions des systèmes d’information, le dilemme se précise : miser sur la continuité d’un écosystème Microsoft bien maîtrisé, ou tester la promesse de flexibilité et d’ouverture de Google Cloud. La question dépasse le simple choix d’outil : elle touche à la gouvernance de la donnée, à la propriété intellectuelle du code généré, et au contrôle des flux conversationnels.
Et pendant que les deux géants affûtent leurs modèles et leurs licences, une certitude s’impose : l’assistant IA devient désormais un acteur à part entière du système d’information, et non plus une simple surcouche conviviale.