La bulle de l’IA : Bezos confirme

Il y a des déclarations qui font plus de bruit que d’autres. Celle de Jeff Bezos, prononcée lors d’une conférence technologique en Italie, en fait partie. Le fondateur d’Amazon, a remis sur la table une idée qui circule déjà largement dans la sphère technologique : oui, nous vivons une bulle de l’intelligence artificielle. Et cette fois, ce n’est plus un sujet de débat, mais presque un constat collectif.

Même les investisseurs les plus aguerris commencent à tirer la sonnette d’alarme. Le gestionnaire de fonds David Einhorn, cité récemment par Bloomberg, prédit une destruction massive de capital dans le cycle actuel de dépenses liées à l’IA. Et il n’a sans doute pas tort : les signaux s’accumulent, entre surchauffe médiatique et levées de fonds déraisonnables.

Quand tout projet devient “AI-powered”

Le cas du Thinking Machines Lab, dirigé par Mira Murati (anciennement CTO d’OpenAI), illustre à merveille cette frénésie. D’après un investisseur cité dans Bloomberg, la scène était presque absurde : “Nous faisons une entreprise d’IA avec les meilleurs experts en IA, mais nous ne pouvons répondre à aucune question.” 🙂

C’est symptomatique d’un climat où chaque projet estampillé IA attire les capitaux, qu’il soit porteur d’une innovation réelle ou simplement d’un bon storytelling. Bezos le résume ainsi : « Quand l’excitation est à son comble, tout projet est financé, les bons comme les mauvais. »

En clair, les investisseurs ne distinguent plus les idées prometteuses des mirages technologiques. L’histoire économique nous a déjà montré ce scénario : bulle Internet à la fin des années 1990, bulle crypto quelques décennies plus tard… L’IA semble suivre la même trajectoire, mais fatalement, en accéléré.

L’éclatement : une question de temps

La vraie question pour certains n’est plus “Sommes-nous dans une bulle ?”, mais bien “Quand éclatera-t-elle ?”

Il suffit d’un incident déclencheur : la faillite d’un fournisseur de centres de données spécialisés, par exemple, pourrait provoquer une onde de choc dans tout l’écosystème. Ces acteurs sont étroitement liés à la fois aux investisseurs, aux prêteurs et aux entreprises clientes.

Dans tout cycle spéculatif, certains résistent. Ici, les grands gagnants probables sont des entreprises structurellement solides, dont le modèle ne dépend pas exclusivement de l’IA.

Des acteurs comme TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Co.) ou Nvidia en sont les archétypes : ils profitent largement de la vague actuelle mais disposent d’une activité de fond durable. En cas de correction, ils en sortiraient amoindris, certes, mais toujours debout.

À l’inverse, une myriade de startups IA ne disposent ni de produit différenciant ni de revenus récurrents. Leur survie dépend encore de levées de fonds successives, dans un contexte où la liquidité pourrait se tarir brutalement. Selon les données citées cet été, seules une douzaine de startups IA dépassent les 100 millions de dollars de revenus annuels. Autant dire que la majorité évolue sur une ligne de crête très fine.

Entre mirage et maturité

Ce que Bezos met en lumière, au-delà de la spéculation, c’est le besoin de discernement technologique. L’IA n’est pas une imposture — elle transforme déjà en profondeur les entreprises — mais elle s’accompagne d’un bruit d’investissement irrationnel. Les DSI, plus que quiconque, doivent apprendre à séparer l’utile du gadget, la véritable innovation du simple effet de mode. Nous reviendrons sur tout ceci lors du prochain Briefing Calipia en essayant de distinguer l’utile du futile 🙂 rejoignez-nous !

Et comme toujours dans les cycles technologiques, ce n’est pas la fin du rêve qui compte, mais la maturité qui en découle. Après tout, les bulles ne détruisent pas les technologies, elles purgent simplement l’excès d’enthousiasme 🙂

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