Trump se rêve en DRH de Microsoft ?

Donald Trump a une nouvelle fois choisi de brouiller les lignes entre politique, affaires et sécurité nationale. Sa dernière cible : Lisa Monaco, responsable des affaires mondiales chez Microsoft depuis l’été dernier, et ex-numéro deux du Département de la Justice sous Joe Biden. Dans une tirade publiée sur Truth Social, l’ancien président a qualifié Monaco de « menace pour la sécurité nationale » et a exhorté Microsoft à la licencier immédiatement.

Derrière cette attaque, deux éléments se superposent. D’une part, le rôle central de Microsoft dans l’écosystème numérique américain : contrats de cloud souverain, services de cybersécurité fournis à plusieurs agences fédérales, et présence incontournable dans l’infrastructure critique. D’autre part, l’obsession récurrente de Trump à politiser la direction des grandes entreprises technologiques, en visant directement des dirigeants perçus comme hostiles à son camp.

Le cas Monaco n’est pas isolé. Quelques mois plus tôt, le même Trump exigeait la démission immédiate de Lip-Bu Tan, alors président d’Intel, au motif de liens commerciaux supposés avec des entreprises chinoises liées à l’armée. L’épisode s’était conclu de façon plus nuancée, puisque les États-Unis détiennent aujourd’hui une participation dans Intel.

La difficulté pour Microsoft tient au fait que la société se trouve coincée entre deux feux :

  • La nécessité de maintenir des relations stables avec l’administration, quel que soit son locataire à la Maison-Blanche.
  • La gestion de ses recrutements de profils politiques de haut niveau, qui visent justement à sécuriser ses relations institutionnelles mais deviennent, par ricochet, des cibles privilégiées dans le débat public.

Pour les DSI du secteur public, l’enjeu dépasse la polémique : la fiabilité des partenariats stratégiques avec des hyperscalers peut être fragilisée par des pressions extérieures totalement déconnectées des critères techniques. À terme, ce type d’ingérence pourrait rendre plus complexe la gouvernance des grands contrats cloud et poser des questions sur la neutralité des prestataires.

Microsoft a choisi le silence, tout comme la Maison-Blanche et Lisa Monaco elle-même. Reste une certitude : les géants du numérique sont devenus des champs de bataille politiques à part entière. Pour les responsables informatiques, il faudra composer avec cette nouvelle donne où la technique ne suffit plus – la résilience organisationnelle doit désormais inclure la capacité à absorber des turbulences politiques.

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