OpenAI et Nvidia : partenariat stratégique ou opération de communication à 100 milliards ?
OpenAI aime les annonces tonitruantes. Après avoir présenté en grande pompe son projet Stargate – un méga-datacenter estimé jusqu’à 500 milliards de dollars – l’éditeur de ChatGPT revient avec une nouvelle promesse : un partenariat stratégique avec Nvidia pour bâtir et exploiter des centres de données d’intelligence artificielle équipés de « millions » de GPU. En contrepartie, Nvidia investirait jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI.
À première vue, le mouvement semble paradoxal : le fournisseur paie son client pour acheter ses propres puces. Mais dans un marché où les alternatives se multiplient – Google, AMD, Groq et d’autres challengers – Nvidia sait que conserver son hégémonie passe aussi par des gestes spectaculaires.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’entreprise subventionne ses clients : Lambda ou CoreWeave ont déjà bénéficié de financements de sa part. La différence, ici, tient à l’échelle. Cent milliards de dollars, c’est presque le double de la trésorerie que Nvidia affichait fin juillet (57 milliards). Heureusement pour Jensen Huang et ses actionnaires, les prévisions financières indiquent près de 97 milliards de flux de trésorerie générés sur l’exercice en cours – de quoi absorber l’effort sans panique apparente. La bourse, elle, a salué l’annonce : +5 % en une journée.
Côté OpenAI, l’accord offre une bouffée d’oxygène. Les besoins en calcul pour entraîner et déployer des modèles toujours plus massifs sont colossaux, et l’infrastructure reste le facteur limitant. Mais cette annonce pose une question qui gratte : qu’en est-il de Stargate ? En juin, Oracle, partenaire du projet, reconnaissait que la coentreprise n’était « pas encore formée ». Nvidia y était censé être impliqué en tant que fournisseur. Le nouveau partenariat est présenté comme complémentaire… mais il ressemble surtout à une manière élégante de détourner l’attention d’un chantier qui piétine.
L’accord n’est d’ailleurs pas finalisé : il ne s’agit pour l’instant que d’une lettre d’intention. Si l’objectif était de générer du buzz médiatique, c’est un succès total. Pour les directeurs informatiques et les architectes systèmes, la prudence reste de mise : multiplier les annonces XXL ne remplace pas des datacenters opérationnels.
En résumé, ce deal illustre la nouvelle logique du marché : les fournisseurs de GPU investissent massivement pour verrouiller leurs clients stratégiques. Les prochaines années diront si OpenAI et Nvidia posent réellement la première pierre d’une infrastructure hors norme… ou si nous assistons à un nouvel épisode du feuilleton « annonces plus grosses que nature ».