Microsoft, Google et NVIDIA près de 46 milliards de dollars d’investissements en UK sur l’IA. La comparaison avec la France fait mal…
La visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni, accueilli par le roi Charles III, n’est pas seulement un exercice de protocole. Elle s’est transformée en véritable démonstration de puissance technologique américaine. Trois annonces phares — Microsoft, Google et NVIDIA — totalisant près de 46 milliards de dollars d’investissements, redessinent brutalement le paysage européen de l’intelligence artificielle.
Microsoft : le bulldozer à 30 milliards
La firme de Redmond frappe fort : 30 milliards de dollars investis d’ici 2028, soit son engagement le plus massif jamais consenti outre-Manche.
La répartition est claire :
- 15 milliards pour des infrastructures cloud et IA, dont le futur supercalculateur britannique, équipé de plus de 23 000 GPU NVIDIA en partenariat avec Nscale.
- 15 milliards pour consolider les 6 000 employés déjà présents dans le pays, dédiés à la recherche avancée, au développement produit, au jeu vidéo et aux modèles IA. Alors que les licenciements se poursuivent à rythme soutenus en France.
Brad Smith, président de Microsoft, a salué les efforts du gouvernement Starmer en matière de planification énergétique et de régulation stable, conditions sine qua non pour attirer un mastodonte du numérique. Traduction : quand l’électricité est chère ou que les autorisations de data centers prennent des années (suivez mon regard vers Paris et Marseille…), Microsoft regarde ailleurs.
Google : une « petite » mise à 5 milliards
Mountain View a choisi la même semaine pour annoncer 5 milliards de livres sterling dans un nouveau data center et des activités R&D. Résultat attendu : plus de 8 000 emplois indirects par an, selon l’entreprise. Une annonce modeste en comparaison des voisins de Redmond, mais qui consolide la présence d’un autre géant dans l’écosystème britannique.
NVIDIA : l’usine à IA de Keir Starmer
Enfin, le troisième larron : NVIDIA, avec Nscale et CoreWeave, met 11 milliards de livres sterling sur la table.Objectif : déployer d’ici fin 2026 120 000 GPU Blackwell, la plus grande implantation jamais vue dans le pays.
Le programme coche toutes les cases :
- soutien aux objectifs d’IA souveraine du Royaume-Uni,
- renforcement de l’écosystème académique et industriel (Oxford Quantum Circuits, ORCA Computing, Basecamp Research…),
- montée en compétences de la main-d’œuvre via QA et NVIDIA DLI,
- et même un coup de pouce aux projets nationaux comme UK-LLM ou Nightingale AI pour la santé.
En d’autres termes, le Royaume-Uni se dote de ses propres “AI factories” pour ne plus dépendre uniquement de la Silicon Valley.
La comparaison qui fâche : et la France dans tout ça ?
Replaçons les chiffres :
- Microsoft a annoncé en janvier 2024 4 milliards d’euros d’investissement en France pour ses data centers et son cloud Azure.
- Moins de deux ans plus tard, c’est 30 milliards de dollars pour le Royaume-Uni. Même en corrigeant les écarts de parité monétaire, l’ordre de grandeur reste sidérant : la France pèse dix fois moins dans la stratégie de Redmond.
Pourquoi ? La proximité de Microsoft UK avec Microsoft Corp qui n’a cessé de se renforcer au cours des 20 dernières années (il est loin le temps où Microsoft France était la filiale la plus importante en Europe et comptais le plus d’employés), délais d’urbanisme, acceptabilité sociale des infrastructures numériques, et incertitudes réglementaires. En clair, la France rêve d’être un hub européen de l’IA, mais n’offre pas encore la fluidité qu’un Microsoft exige pour déployer ses armadas de GPU.
Diplomatie économique par l’IA
Derrière les annonces chiffrées, c’est une lecture géopolitique qui s’impose. Les États-Unis orchestrent une offensive coordonnée : Microsoft, Google et NVIDIA s’alignent le même jour, au même endroit, sous le parrainage d’un président américain en tournée officielle. L’IA n’est plus seulement un secteur économique, c’est un instrument diplomatique.
Pour les DSI, le message est limpide : le Royaume-Uni devient un point d’ancrage majeur pour les workloads IA en Europe. Les arbitrages d’hébergement, de souveraineté et de coûts devront désormais intégrer ce nouveau centre de gravité.
La France, elle, reste dans le jeu, mais en deuxième division. Le risque ? Voir ses talents et ses startups migrer vers l’autre côté de la Manche, là où l’infrastructure sera abondante et subventionnée par des partenariats public-privé bien huilés.