Copilot Chat dans Microsoft 365 : l’assistant virtuel qui s’invite partout…sans l’option « Microsoft 365 Copilot » !

Microsoft poursuit son offensive sur l’intégration de l’intelligence artificielle générative dans sa suite bureautique. Après avoir greffé Copilot aux applications phares de Microsoft 365, l’éditeur introduit désormais Copilot Chat, un module conversationnel disponible directement dans Word, Excel, Outlook, PowerPoint et OneNote, sans licence spécifique supplémentaire. L’objectif affiché : transformer les interactions avec la suite en un dialogue naturel, capable de comprendre le contexte métier, de générer des contenus et de simplifier les tâches répétitives.

Sur le papier, la promesse est séduisante : un assistant capable d’expliquer une formule Excel trop cryptique, de reformuler un mail avec un ton plus professionnel, ou encore de générer un résumé de 40 pages de rapport. Concrètement, il s’agit de rapprocher l’usage quotidien des outils bureautiques d’une logique de « copilote conversationnel », censé réduire le temps perdu à naviguer entre fonctionnalités ou documents. En gros une bonne partie de ce que faisait l’option Microsoft 365 Copilot (à 30 € / mois et par utilisateurs en plus).

Cependant, derrière la démonstration marketing, plusieurs points méritent une analyse plus critique.

1. L’illusion de la simplicité

La conversation en langage naturel masque la complexité réelle des traitements. Pour obtenir un résultat pertinent, il faut toujours savoir poser la bonne question. Les utilisateurs risquent de découvrir que la « magie » de Copilot dépend étroitement de leur capacité à formuler clairement des requêtes – un savoir-faire qui s’apparente à une nouvelle compétence professionnelle : le prompt engineering.

2. Les risques de dépendance

En intégrant Copilot Chat directement au cœur des outils de productivité, Microsoft place l’IA comme médiateur obligé entre l’utilisateur et la donnée. Cette centralisation renforce la dépendance des organisations à l’écosystème Microsoft, tant sur le plan technique que stratégique. Après tout, quand un assistant rédige vos mails ou génère vos analyses, la sortie devient difficilement dissociable de la plateforme qui l’héberge.

3. La question de la fiabilité

Copilot Chat repose sur des modèles génératifs susceptibles d’inventer des données, de mal interpréter un contexte ou de fournir une réponse approximative. Dans un environnement professionnel, une erreur de ce type peut avoir un coût réel : une décision stratégique prise sur un mauvais résumé, une analyse Excel biaisée ou une communication erronée envoyée à un client. La documentation officielle met en avant des mécanismes de citations et de transparence, mais l’expérience utilisateur restera l’épreuve décisive.

4. Impact sur la gouvernance de l’information

L’assistant fonctionne en puisant dans les données accessibles à l’utilisateur au sein de Microsoft 365. Cela pose une question cruciale : comment contrôler ce qui est réellement exposé à Copilot Chat ? La gouvernance documentaire et la gestion des droits d’accès deviennent encore plus stratégiques, sous peine de voir des informations sensibles réapparaître dans des contextes inattendus.

5. L’effet psychologique dans l’entreprise

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’effet sur les équipes. Certains y verront un gain de temps précieux, d’autres une intrusion dans leurs pratiques et risque de créer des réticences, notamment dans des environnements professionnels où l’adoption du changement reste lente.


Copilot Chat vs Microsoft 365 Copilot : les différences

Il est important de distinguer Copilot Chat, récemment introduit dans les applications, de l’offre plus large Microsoft 365 Copilot. Les deux reposent sur la même logique d’IA générative, mais leurs périmètres et cas d’usage diffèrent sensiblement.

  • Microsoft 365 Copilot complet :Cet assistant va au-delà de la simple conversation intégrée à Word, Excel ou Outlook. Il s’appuie sur le Microsoft Graph pour analyser l’ensemble des données de l’environnement de l’entreprise : fichiers SharePoint, mails, réunions Teams, documents OneDrive, etc. L’idée est de fournir une vue unifiée et contextuelle, permettant de générer des synthèses, des insights métier et même des scénarios transverses (par exemple : préparer une réunion en résumant les derniers échanges, en analysant les tendances de vente et en proposant des slides PowerPoint).En d’autres termes, il agit comme une couche d’intelligence globale, capable de croiser les informations dispersées dans l’écosystème Microsoft 365.
  • Copilot Chat :Cette déclinaison est plus ciblée : elle se concentre sur une interaction locale et contextuelle à l’intérieur de chaque application. L’utilisateur discute directement avec Word pour reformuler un texte, ou avec Excel pour comprendre une formule. Les capacités sont puissantes mais limitées au périmètre du document ou de l’application en cours d’utilisation.

En résumé, Copilot Chat est le “compagnon de bureau” de chaque application, tandis que Microsoft 365 Copilot est l’orchestrateur transverse de l’environnement numérique. Le premier simplifie l’usage de fonctionnalités spécifiques, le second ambitionne de devenir un véritable assistant stratégique en exploitant toute la richesse des données de l’entreprise. Reste à savoir si l’on est prêt a payer 30 € en plus pour le Copilot complet ou peut-on se contenter du Copilot Chat, certes plus limité, dans un premier temps.

En conclusion, Copilot Chat illustre parfaitement l’ambition de Microsoft : transformer ses applications en une plateforme conversationnelle omniprésente. Mais au-delà de l’effet d’annonce, les DSI devront analyser froidement l’impact de cette intégration. Entre gain de productivité et nouveaux risques (dépendance, gouvernance, qualité des réponses), le véritable copilote de l’entreprise ne sera peut-être pas l’IA… mais la stratégie avec laquelle elle est adoptée.

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