L’effet OpenAI sur Oracle : promesses astronomiques et dettes bien réelles…
L’histoire retiendra peut-être ce 11 septembre 2025 comme le jour où l’euphorie autour de l’intelligence artificielle a atteint son zénith. Non pas grâce à une percée technologique inédite, mais parce qu’Oracle a vu son cours de bourse bondir de 36 % en une seule séance, propulsant sa valorisation à 922 milliards de dollars. En un claquement de doigts, Larry Ellison s’est enrichi de 89 milliards de dollars, et Oracle est devenu, l’espace d’un instant, le champion inattendu de l’IA dans le cloud.
Derrière ce miracle boursier, une annonce tonitruante : un contrat colossal de 300 milliards de dollars signé avec OpenAI, étalé sur cinq ans, pour des capacités de calcul. Oui, vous avez bien lu : 300 milliards. De quoi faire passer la construction de centrales nucléaires pour des dépenses de poche.
Le mirage du contrat en or massif
Oracle a rapporté un bond de 359 % des revenus contractuels futurs sur son dernier trimestre, soit 317 milliards supplémentaires. Trois clients sont à l’origine de cette manne, dont OpenAI, confirmé par la presse comme le mastodonte du lot. Mais avant de sabrer le champagne, il convient de rappeler une évidence : OpenAI devra lever des dizaines de milliards chaque année pour honorer sa facture. Or, ses projections financières ont déjà revu à la hausse leur “cash burn” jusqu’en 2029, passant de 80 à 115 milliards.
En clair, Oracle engrange des promesses d’encaissement, mais il doit d’abord investir massivement dans l’infrastructure. Concrètement, ce sont des datacenters énergivores qu’il faudra construire, alimenter et refroidir. Et devinez quoi ? L’addition, cette fois, ne se règlera pas en tokens d’IA.
Cette envolée n’a pas seulement boosté Oracle. Les acteurs périphériques – fournisseurs d’énergie comme GE Vernova ou Constellation Energy, développeurs de datacenters comme Digital Realty, et bien sûr Broadcom avec ses puces – surfent eux aussi sur cette vague spéculative. Un scénario déjà vu : souvenez-vous de la bulle Internet où chaque fabricant de câbles optiques voyait son cours multiplié, jusqu’au jour du crash.
L’IA, une bulle bien gonflée ?
Soyons clairs : l’intelligence artificielle est une technologie transformante. Mais entre promesses d’ultra-croissance et réalité industrielle, l’écart se creuse. Le parallèle avec Tesla est éclairant : malgré ses succès, le titre a perdu 25 % cette année. Les investisseurs oublient vite qu’un marché ne se nourrit pas que d’espoirs, mais d’exécution.
La question centrale pour les DSI est la suivante : faut-il bâtir sa stratégie IT sur ces annonces spectaculaires ? Miser sur des fournisseurs qui jouent leur avenir sur des levées de fonds titanesques comporte un risque évident. Derrière l’effet de manche, il reste une équation technique : alimentation énergétique, capacité des réseaux, sécurité des infrastructures et surtout soutenabilité économique.
Conclusion
Oracle a peut-être gagné une bataille d’image et de capitalisation, mais la guerre de l’IA se jouera ailleurs : dans la capacité à transformer des promesses financières en valeur opérationnelle. Pour les DSI, l’heure n’est pas à l’euphorie mais à la lucidité : distinguer le bruit médiatique des réelles opportunités d’infrastructure.
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