Windows 12 : quand la souris se tait et que l’IA prend la parole…

Microsoft a récemment donné un aperçu de son futur système d’exploitation à travers son podcast Windows in the Cloud. À la barre, Pavan Davuluri, patron de la division Windows et Devices, a partagé une vision qui bouscule certains fondements historiques de l’écosystème Windows : demain, l’interaction avec l’OS pourrait passer moins par la souris et le clavier, et beaucoup plus par… la voix.

Un changement de paradigme pour l’expérience utilisateur

Depuis trois décennies, l’expérience Windows repose sur un triptyque : écran, clavier et souris. Une ergonomie devenue une seconde nature pour les DSI et leurs équipes. Pourtant, Davuluri annonce une évolution vers un Windows « ambiant, pervasif et multimodal ». Traduction : l’OS de demain ne se limitera plus au poste de travail classique mais s’inscrira dans une continuité entre appareils, environnements et usages.

La voix s’imposerait comme un levier central. Non pas pour dicter une note rapide dans Word, mais pour piloter en profondeur le système et les applications, comme si l’ordinateur devenait un véritable interlocuteur. Une promesse séduisante… mais qui suppose un niveau de maturité linguistique, contextuelle et de reconnaissance bien supérieur à ce que les assistants actuels proposent.

Une vision certes interessante, mais comment Microsoft peut-il la mettre en oeuvre sans une des pièces maitresse : la maitrise des OS de smartphones ?

Copilot Vision : l’ordinateur qui « voit »

Au cœur de cette vision, l’IA joue un rôle structurant. Microsoft mise notamment sur Copilot Vision, une fonctionnalité capable « de regarder votre écran » et de comprendre ce que l’utilisateur fait, afin de l’assister avec pertinence. L’ordinateur n’analyserait plus uniquement vos commandes explicites, mais aussi la situation visuelle et sémantique dans laquelle vous évoluez.

Concrètement, cela signifie que Windows ne se contentera pas d’exécuter une instruction vocale, mais pourra comprendre le contexte d’un mail ouvert, d’un schéma en cours de modification ou d’une visio en arrière-plan. L’OS deviendrait alors un collaborateur proactif, capable de répondre à des intentions implicites.

Le futur selon Redmond : opportunités et zones d’ombre

On retrouve ici des échos de la vision esquissée dès 2023 par Panos Panay, ex-cadre historique de Microsoft, lors de la keynote AMD au CES. L’idée d’un Windows « augmenté par l’IA » n’est donc pas un effet de mode mais un cap stratégique de long terme.

Cependant, quelques questions restent ouvertes :

  • Quelle gouvernance des données pour un système qui « voit » et « comprend » l’activité de l’utilisateur ?
  • Comment garantir la sécurité et la confidentialité dans des environnements d’entreprise soumis à des réglementations strictes ?
  • Le modèle vocal peut-il réellement remplacer la précision du clavier et de la souris dans les environnements critiques (saisie de code, pilotage d’ERP) ?

En guise de conclusion (provisoire)

L’ambition de Microsoft est claire : faire de Windows une plateforme ubiquitaire, intelligente et conversationnelle. Pour les DSI, cette transformation pourrait représenter autant une opportunité d’améliorer la productivité qu’un défi de gouvernance technologique et organisationnelle.

Car si demain l’on parle à son ordinateur comme à un collègue, encore faudra-t-il être certain qu’il ne prenne pas trop de libertés dans l’interprétation… et qu’il sache se taire au bon moment.

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