Starlink, xAI et maintenant un MuskPhone ?
Elon Musk aime brouiller les cartes. Alors que ses entreprises jonglent déjà entre intelligence artificielle, robotaxis et conquête spatiale, une question ressurgit régulièrement : va-t-il lancer son propre téléphone ou même bâtir un réseau mobile complet ?
L’idée n’est pas nouvelle, mais elle a refait surface à la faveur d’un mouvement stratégique majeur dans le secteur télécom : la vente par EchoStar de 23 milliards de dollars de spectre cellulaire à AT&T. Officiellement, Musk n’a rien à voir dans cette opération. Officieusement, ses manœuvres pourraient bien avoir précipité certains choix.
EchoStar, maison mère de Dish Network, tentait depuis des années de bâtir un réseau mobile s’appuyant sur ses fréquences satellites pour un service « satellite-to-phone ». Une ambition séduisante, mais confrontée à deux freins majeurs : des finances exsangues et un sérieux coup de semonce réglementaire.
En mai dernier, la FCC a ouvert une enquête sur l’usage réel de ces fréquences. À l’origine du signalement ? SpaceX… Dans une lettre adressée au régulateur, Musk accusait EchoStar de sous-utiliser son spectre et plaidait pour que d’autres acteurs puissent en bénéficier. Et devinez quoi : ces fréquences intéressent directement Starlink, déjà partenaire de T-Mobile pour tester la messagerie par satellite. Sans doute une simple coïncidence.
Une fenêtre d’opportunité pour SpaceX ?
L’accord avec AT&T ne couvre pas l’intégralité du spectre d’EchoStar. L’entreprise a d’ailleurs confirmé qu’elle « continue d’évaluer les opportunités stratégiques pour son portefeuille restant ». Traduction : certaines bandes pourraient bientôt être mises en vente.
Les analystes de LightShed estiment que SpaceX pourrait se porter acquéreur, ou à défaut, que T-Mobile rachète ces fréquences et les loue ensuite à Starlink. Une configuration qui renforcerait le projet « Direct-to-Cell » de Musk, visant à transformer les satellites en antennes relais globales.
Musk a-t-il les moyens de ses ambitions ?
Sur le papier, un écosystème télécom à la sauce Musk serait cohérent :
- Starlink fournirait la couche satellite.
- T-Mobile (ou autre opérateur allié) assurerait la compatibilité réseau.
- xAI (avec Grok) donnerait un moteur conversationnel intégré, potentiellement dans un smartphone estampillé Musk.
En pratique, la manœuvre semble démesurée. Tesla peine à concrétiser ses robotaxis, SpaceX n’a pas encore fiabilisé Starship, et xAI reste loin derrière les géants de l’IA. Ajouter à ce cocktail le développement d’un réseau mobile et d’un appareil physique reviendrait à étirer encore davantage des équipes déjà sous pression.
Musk contre Apple : stratégie psychologique
Pourquoi alors relancer la rumeur d’un « Musk Phone » ? Peut-être pour forcer Apple à s’asseoir à la table des négociations. Musk a besoin d’un accès privilégié aux plateformes dominantes pour imposer Grok ou ses futures solutions de communication. Une menace crédible – même seulement médiatique – d’entrer sur le terrain du hardware télécom pourrait inciter Tim Cook à reconsidérer sa position ?
En clair, Musk ne construit peut-être pas encore de téléphone, mais il construit déjà une belle histoire. Et dans un secteur où la régulation, les brevets et les partenariats comptent autant que la technologie, cela peut suffire à influencer la partie.