75 milliards plus tard : Azure accélère, AWS garde une longueur d’avance
Un secret bien gardé depuis 2008
Lorsqu’en octobre 2008, Microsoft annonçait timidement “Windows Azure” à la Professional Developers Conference (PDC), peu imaginaient que ce projet deviendrait un pilier stratégique du groupe. Quinze ans plus tard, l’heure est enfin venue pour Microsoft de briser un silence bien entretenu : Azure a généré 75 milliards de dollars de revenus sur l’année fiscale close le 30 juin 2025. Une première, tant la firme avait pris l’habitude de dissimuler la performance de sa plateforme cloud dans des catégories comptables vastes et obscures.
Des chiffres enfin dévoilés
Le PDG Satya Nadella, dans un rare élan de transparence, a profité des résultats trimestriels pour partager ce jalon impressionnant. Azure affiche une croissance annuelle de 34 %, soutenue par la progression de l’ensemble de ses workloads : IA, base de données, analytics, virtualisation, et services applicatifs. Un bond considérable dans un contexte où la pression concurrentielle est plus vive que jamais.
Le duel AWS / Azure : David grandit, mais Goliath reste massif
Avec un chiffre d’affaires estimé à 108 milliards en 2024, et une projection de 117 milliards pour 2025, AWS conserve une avance stratégique sur Azure. L’écart annuel de 42 milliards reste significatif, représentant un retard de 36 % en faveur d’Amazon. Toutefois, si les dynamiques de croissance actuelles se maintiennent — Azure progressant légèrement plus vite qu’AWS — la parité pourrait être atteinte d’ici 3 à 4 ans. Une hypothèse optimiste mais crédible, à condition que Microsoft parvienne à suivre la cadence de ses promesses d’expansion.
Et Google Cloud dans tout ça ?
Google, de son côté, continue de jouer le rôle d’outsider combatif. Sa division Cloud a enregistré 13,6 milliards de revenus sur le deuxième trimestre 2025, avec une croissance de 32 % sur un an. En rythme annuel, cela porte Google Cloud à environ 54 milliards de dollars, soit toujours loin derrière Azure. Si l’écart se creuse entre les deux challengers, la configuration du marché semble se stabiliser : AWS en leader, Azure en solide second, et Google Cloud en distant troisième.
Des fondamentaux solides pour Azure
La déclaration d’Amy Hood, directrice financière de Microsoft, éclaire davantage la dynamique actuelle. Le Commercial Remaining Performance Obligation (CRPO) — indicateur clé des revenus futurs liés aux engagements contractuels — a atteint 368 milliards de dollars, en hausse de 37 %. Et surtout, 98 % des revenus Azure sont issus d’un modèle d’abonnement (annuité), garantissant une visibilité financière rare dans le secteur.
Plus frappant encore : malgré la mise en ligne de nouvelles capacités datacenter, la demande continue de dépasser l’offre. Une situation qui pousse Microsoft à investir massivement : plus de 30 milliards de dollars de dépenses d’investissement sont prévus pour le trimestre prochain, essentiellement pour soutenir l’expansion de ses infrastructures.
Vers un avenir encore plus cloudifié ?
Ce chiffre de 75 milliards ne marque pas seulement un cap symbolique, il signale un changement de posture stratégique. Microsoft semble désormais prêt à assumer pleinement Azure comme un moteur autonome, et non plus comme un segment noyé dans “les produits commerciaux”.
Cela dit, cette nouvelle transparence soulève aussi des questions : pourquoi maintenant ? Est-ce une réponse à la pression des analystes ? Une volonté de rassurer les marchés ? Ou une manœuvre préventive face à une compétition qui s’intensifie à coup de modèles IA et de mégadatacenters ?
Conclusion : Azure accélère, mais AWS tient toujours la barre
Azure s’est imposé comme une composante essentielle du paysage cloud, avec un modèle économique robuste, une croissance soutenue et une feuille de route ambitieuse. Mais la domination d’AWS reste intacte. Microsoft doit désormais prouver qu’il peut transformer ses investissements massifs en parts de marché supplémentaires, sans compromettre sa rentabilité ni sa promesse de disponibilité.