Microsoft pousse la sauvegarde OneDrive dans Microsoft 365 : un virage technique assumé ?

KFM, nouvelle clé de voûte de la stratégie Microsoft
Pour les non-initiés, Known Folder Move permet de rediriger automatiquement les dossiers système courants (Documents, Bureau, Images…) vers OneDrive. Derrière cette fonctionnalité se cache une logique limpide : centraliser, synchroniser, sauvegarder. Et surtout, intégrer chaque fichier utilisateur dans l’univers cloud de Microsoft.
Mais pourquoi ce revirement soudain, et surtout, pourquoi maintenant ? Officiellement, Microsoft avance plusieurs arguments techniques pour justifier cette incitation proactive, voire prescriptive :
- Compatibilité Copilot : en déportant les fichiers dans le cloud, ceux-ci deviennent directement exploitables par l’IA de Microsoft. Traduction : votre tableur Excel peut désormais dialoguer avec l’assistant, à condition d’avoir été aspiré par OneDrive.
- Collaboration fluide et AutoSave : grâce à la synchronisation constante, les fichiers bénéficient d’un historique de versions et d’un enregistrement automatique. On ne perd plus rien… sauf peut-être le contrôle.
- Sécurité renforcée : les fichiers sauvegardés dans OneDrive peuvent être soumis aux politiques de Classification, Labelling & Protection (CLP), et aux stratégies d’étiquetage automatique – une aubaine pour les DSI qui luttent contre la dispersion des données.
- Accessibilité universelle : peu importe l’appareil (Windows, macOS, web, mobile), les documents suivent l’utilisateur. Ce qui semble logique… si l’on part du principe que tout le monde dispose d’une connexion stable et d’un environnement maîtrisé.
Une intégration native à Windows 11 et une app de migration maison
Microsoft ne s’arrête pas à M365. Une nouvelle application de sauvegarde native dans Windows 11 vient compléter l’écosystème. Objectif : faciliter les transferts d’un poste à un autre, tout en s’assurant que les fichiers essentiels ne quittent jamais l’ombre du nuage Microsoft. Cette solution s’inscrit dans une logique de “device independence”, en droite ligne de ce que fait déjà Apple avec iCloud.
Mais attention : ici, point d’option multi-cloud, pas de gestion avancée du versioning local, et une dépendance accrue à OneDrive – même pour des utilisateurs avancés. La souplesse n’est clairement pas le mot d’ordre.
Des délais à répétition : le revers de l’innovation continue ?
Initialement prévue pour avril 2025 en preview, puis pour mai en généralisation, l’incitation à activer KFM dans Word, Excel et PowerPoint a été… retardée. Encore. La mise en production est désormais repoussée à mi-juin 2025.
Un simple contretemps ? Peut-être. Mais dans un contexte où plusieurs projets Microsoft sont mis en pause ou ralentis (comme la gestion unifiée des apps M365 ou l’activation de New Outlook), cela laisse planer un doute sur la capacité de Redmond à tenir sa propre feuille de route. Nous en reparlerons lors du prochain Briefing
Conclusion : quand la sauvegarde devient levier d’adoption
Derrière ce changement fonctionnel se dessine une stratégie bien rodée : faire de la sauvegarde cloud une porte d’entrée vers un écosystème totalement Microsoft-centric. Oui, KFM permet de mieux protéger les données. Oui, l’intégration de Copilot et d’AutoSave est séduisante. Mais cela s’accompagne d’un coût technique (bandes passantes, dépendance au cloud, gouvernance des données) que chaque DSI devra évaluer à froid.