« Hey Copilot ! » : Microsoft relance la commande vocale avec des promesses (et des limites)

Microsoft continue d’étoffer son assistant Copilot intégré à Windows 11 en introduisant une nouvelle commande vocale d’activation : “Hey Copilot!”. Une fonctionnalité qui rappelle furieusement les tentatives passées de Cortana et les classiques de la concurrence, mais qui s’ancre dans une refonte plus ambitieuse du paysage de l’IA personnelle.

Avec cette nouvelle fonction, les utilisateurs du programme Windows Insider peuvent désormais réveiller l’assistant Copilot à la voix, sans avoir à toucher le clavier ou la souris. Encore faut-il disposer de la bonne version de l’application (1.25051.10.0 ou supérieure) et avoir activé manuellement cette fonctionnalité dans les paramètres. La mise à jour est en cours de déploiement pour les testeurs utilisant l’anglais comme langue d’affichage.

Une voix, mais pas un chant nouveau

Soyons clairs : sur le plan fonctionnel, Microsoft ne fait ici qu’aligner Copilot sur ce que Siri, Alexa ou Google Assistant proposent depuis plus de dix ans. Le réveil vocal (“wake word”) était même déjà présent dans Cortana dès l’ère Windows 10. La nouveauté est donc surtout symbolique : elle marque l’intégration complète de Copilot comme assistant de premier plan dans l’environnement Windows, là où Cortana était restée à la marge, entre gadget et abandon progressif.

Cette commande vocale s’intègre dans une refonte plus large de Copilot amorcée à l’automne 2024. Cette mise à jour majeure avait apporté des éléments clés comme une interface plus conversationnelle, des capacités de vision assistée par IA, et une personnalisation renforcée basée sur l’historique d’usage. Microsoft semble ainsi vouloir en faire un véritable hub contextuel et proactif, à mi-chemin entre un copilote d’interface et un concierge numérique.

Côté technique, Microsoft a fait des choix rassurants : le mot d’activation est traité en local sur l’appareil via un mécanisme de détection embarqué utilisant un tampon audio de 10 secondes. Aucun enregistrement n’est envoyé sur les serveurs de Microsoft, ni même conservé localement. Un bon point pour les entreprises soucieuses de leur conformité RGPD et de la confidentialité des données…

Cependant, les fonctions réellement utiles de Copilot Voice ne peuvent fonctionner qu’en ligne, car le traitement du langage et les réponses passent toujours par les infrastructures cloud de Microsoft. Le “offline first” reste donc encore très partiel, c’est le moins que l’on puisse dire.

Vers une intégration plus fluide… mais encore expérimentale

Un point intéressant : une fois activé, Copilot s’affiche sous la forme d’une bulle flottante avec icône micro en bas de l’écran, accompagnée d’un son de confirmation. On se rapproche ainsi du comportement d’un assistant personnel contextuel, toujours prêt à répondre – et potentiellement à anticiper les besoins.

Mais rappelons-le : cette fonction est aujourd’hui réservée aux Insiders, et uniquement en anglais. Elle n’est donc ni mature, ni disponible pour un déploiement en entreprise. Il faudra encore patienter pour juger de sa robustesse réelle, de la pertinence des réponses en contexte professionnel, et surtout de son efficacité en milieu bruyant, partagé, ou multi-utilisateur – autant de cas d’usage courants en entreprise.

Copilot : assistant ou cheval de Troie ?

Derrière cette avancée se cache une stratégie bien plus vaste de Microsoft : faire de Copilot l’interface par défaut de Windows 11, potentiellement au détriment de la liberté d’interaction de l’utilisateur. Le raccourci vocal s’ajoute déjà à un bouton dédié sur certains claviers, à des raccourcis clavier personnalisables, et à une intégration croissante dans les applications Office, Edge et Teams.

À terme, il ne serait pas surprenant que “Hey Copilot” devienne le point d’entrée principal vers toutes les fonctions intelligentes du système – et peut-être, un jour, vers la gestion du poste lui-même. A moins que Microsoft soit refroidi pas l’échec de cette approche avec Cortana…

Microsoft ne fait pas preuve ici d’une innovation radicale, mais d’une consolidation stratégique. En dotant Copilot d’une commande vocale, l’éditeur ne cherche pas à rivaliser avec Alexa ou Google Assistant dans la maison connectée, mais à asseoir la présence de son assistant dans l’univers professionnel et personnel de Windows 11. La clé de la réussite ne sera pas tant dans la reconnaissance vocale elle-même que dans la capacité de Copilot à proposer des actions pertinentes, en contexte, de manière discrète et fiable.

Mais pour l’instant, “Hey Copilot!” reste un murmure dans les coulisses du système. Prometteur, certes. Mais encore loin d’être incontournable. Nous y reviendrons dans la partie Actualité du Briefing

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