Safe Superintelligence Inc, la mystérieuse startup d’Ilya Sutskever intrigue jusqu’à Nvidia et Google

Imaginez une entreprise valorisée à plus de 30 milliards de dollars… sans produit, sans feuille de route publique, sans réelle communication. Bienvenue dans le monde fascinant de Safe Superintelligence Inc. (SSI), la nouvelle création d’Ilya Sutskever, cofondateur d’OpenAI.

Depuis sa rupture avec OpenAI après l’éviction – puis le retour triomphal – de Sam Altman, Sutskever a fondé SSI avec une mission ambitieuse et floue : bâtir une “superintelligence sûre”. Une ambition noble, certes, mais pour l’instant, elle se résume à une page d’annonce sobre publiée en juin 2024, figée dans le temps comme une capsule cryptée.

La nouvelle a été révélée par Reuters : Alphabet, Nvidia, et d’autres investisseurs non identifiés ont injecté des capitaux dans SSI. Aucun des géants concernés n’a confirmé l’information, préférant le silence à la transparence. Ce n’est que grâce à une fuite anonyme que la planète tech a appris cette alliance improbable. Le fait qu’un nom seul – Ilya Sutskever – puisse lever autant de fonds dans une entreprise sans produit relève presque du mythe. Ou, plus cyniquement, d’un pari spéculatif sur la prochaine pépite de l’IA.

Le plus surprenant dans cette histoire ? Le choix technologique.

SSI s’associe à Google Cloud pour exploiter ses TPU (Tensor Processing Units) dans le cadre de ses recherches. Traditionnellement, c’est Nvidia qui règne sur le matériel IA avec ses GPU. Cette décision marque donc un tournant stratégique pour Alphabet, qui cherche depuis longtemps à monétiser ses TPU développés en interne.

« Nous avons d’abord conçu nos TPU pour un usage interne. Désormais, nous les proposons à l’extérieur », explique Darren Mowry de Google Cloud. Une manière subtile de dire : “il est temps de rentabiliser l’investissement”.

Nvidia, quant à elle, ne semble pas inquiète – pour le moment. Son action continue de surfer sur la vague générée par l’explosion de la demande en IA. Mais si des acteurs comme SSI commencent à privilégier les TPU, le paysage des processeurs d’IA pourrait bien évoluer.

Comment expliquer une telle valorisation (32 milliards de dollars selon Greenoaks) pour une entreprise si jeune ? Deux mots : Ilya Sutskever.

C’est l’un des cerveaux derrière GPT, et ceux qui misent sur lui ne le font pas pour ses pitch decks ou ses maquettes Figma, mais parce qu’il a souvent eu raison avant tout le monde. Dans la Silicon Valley, cela vaut de l’or.

Et si l’on en croit la stratégie des investisseurs, ils espèrent probablement que SSI deviendra pour eux ce qu’OpenAI est pour Microsoft : une source d’innovation à fort rendement. Une version “safe” et indépendante, cette fois, mais avec un potentiel de copilotage technologique. La question reste donc en suspens : SSI construira-t-elle réellement une superintelligence sûre ? Ou s’agit-il d’un pari spéculatif de plus, gonflé par la foi dans une personnalité visionnaire ?

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