Trump : vers une dérégulation de l’IA aux États-Unis ?

Difficile de passer à côté de cette nouvelle depuis hier matin, Donald Trump est devenu le vainqueur de l’élection présidentielle américaine de 2024. Et sans surprise, son retour à la Maison-Blanche annonce des bouleversements potentiels pour les politiques fédérales, et notamment en matière de régulation de l’intelligence artificielle (IA). Dès sa prise de fonction le 20 janvier, Trump envisage de démanteler l’Executive Order de Joe Biden sur l’IA, mis en place en octobre 2023. Cette décision, si elle est effective, pourrait remodeler de manière profonde le paysage de l’IA aux États-Unis.

Pour rappel l’Executive Order de Biden visait à encadrer le développement de l’IA par des régulations strictes. Ce décret avait pour but de renforcer la sécurité et la transparence dans l’utilisation des technologies IA. Parmi ses mesures phares, l’ordre a instauré l’Institut Américain de la Sécurité de l’IA (US AI Safety Institute – AISI), chargé de surveiller les pratiques de développement de l’IA dans le secteur privé. Les entreprises étaient désormais tenues de soumettre des rapports détaillés sur leurs méthodes d’entraînement et sur leurs protocoles de sécurité, avec des tests de vulnérabilité à la clé. L’Institut National des Normes et de la Technologie (NIST) devait, quant à lui, développer des lignes directrices pour aider les entreprises à identifier et corriger les failles de leurs modèles IA.

Certains alliés de Trump (dont un certain Elon Musk) ont critiqué ces régulations, les jugeant trop restrictives. Selon les partisans de Trump, ces obligations de reporting freinent l’innovation et risquent d’empêcher l’émergence de nouvelles applications d’IA comme ChatGPT, qui a marqué un tournant dans le domaine de l’IA générative. Des personnalités républicaines telles que Nancy Mace et Ted Cruz ont également exprimé des réserves. Mace a averti que les obligations de transparence imposées par le gouvernement pourraient faire obstacle aux nouvelles avancées technologiques. De son côté, Ted Cruz a même comparé les normes de sécurité du NIST à une tentative de “contrôle idéologique”.

Si Trump met effectivement fin à l’Executive Order de Biden, l’avenir des programmes de régulation existants, y compris l’AISI, pourrait être compromis.

Au-delà de la dérégulation, la politique commerciale de Trump pourrait également bouleverser l’industrie de l’IA. Parmi ses propositions figure une taxe de 10 % sur toutes les importations américaines, ainsi qu’un tarif de 60 % sur les produits chinois. Cette politique protectionniste pourrait perturber l’accès aux composants technologiques essentiels, comme les GPU, utilisés pour les tâches intensives d’entraînement et d’inférence dans l’IA.

La stratégie de Trump pourrait aussi inclure un renforcement des contrôles d’exportation sur les puces et les modèles d’IA à destination de la Chine. Toutefois, certaines entreprises chinoises continuent d’accéder à ces technologies via des services cloud, contournant ainsi les restrictions américaines.

Enfin, la politique de Trump en matière d’immigration et d’énergie pourrait également affecter le secteur de l’IA. Ses projets de limiter les visas H-1B, souvent utilisés par les entreprises technologiques pour recruter des talents internationaux, pourraient compliquer l’embauche de spécialistes qualifiés en IA. En parallèle, son plan d’expansion de l’industrie pétrolière et gazière pourrait influencer indirectement les ressources disponibles pour les centres de données, et donc pour l’IA, en matière de coûts énergétiques.

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