Archives d’Auteur : Pierre Bugnon

GAFA : L’Allemagne pourrait torpiller une initiative « intéressante » de l’UE sur la taxation des profits des géants de l’Internet

GAFA logoL’Allemagne avait accueilli avec réserve la proposition de la Commission européenne de fixer à 3% le taux de la taxe transitoire sur le chiffre d’affaires imposée aux géants d’internet, que sont les GAFA, GAFAM (avec Microsoft), les BATX (en Asie) ou les NATU, en attendant une réforme fiscale en profondeur.

Cette mesure pourtant assez prudente, voire timorée compte tenu du fait que ces entreprises ne payent en Europe que des impôts basés sur 8,5% à 10,1% de leurs profits, alors qu’il oscille entre 20,9% et 23,2% pour les sociétés qui déclarent tous leurs bénéfices en Europe (en fait 33% pour une PME Française, mais bon…). Et même si cet exercice dit d’optimisation fiscale n’est pas utilisé que par que les géants d’Internet, l’initiative de l’UE de juste participation géographique à l’impôt peut paraitre une bonne première étape, d’autant que cette simple première étape, qui si elle est mise en œuvre (pas avant 2019 en tout état de cause) pourrait rapporter environ cinq milliards d’euros.

Mais le ministère allemand des finances songerait selon le journal allemand Bild, qui a pu consulter un document confidentiel à annuler son plan sur la fiscalité des grands acteurs du numérique. Ce document du ministère des Finances mentionne que la « diabolisation » des grandes entreprises numériques « n’est pas productive ».

L’analyse de l’agence de presse Reuter est intéressante, montrant certaines contradictions politiques probables d’un ministre des finances (Olaf Scholz), membre du parti social-démocrate (SPD), et donc de la coalition de la chancelière Angela Merkel, qui avait fait de la taxation des “Gafa” l’un de ses thèmes de campagne lors des élections de l’année dernière.

Donc entre l’Irlande qui est assez logiquement contre cette proposition et l’Allemagne qui tergiverse, assez logiquement il est peu probable que l’UE ne se tranche avant des années sur ce problème des relations entre les instances gouvernementales et les géants d’internet que nous avions évoqué lors du billet PETITE MISE AU POINT SUR LES « GAFA ».

IDC : Pour la première fois, Dell surpasse HPE sur le marché des serveurs

IDCQue ce soit en volume ou en valeur, le marché mondial des serveurs a connu entre mai et juin 2018 son quatrième trimestre consécutif de croissance à deux chiffres, avec des progressions enregistrées au cours du deuxième trimestre 2018 particulièrement importantes. En effet selon le dernier baromètre IDC, 2,9 millions d’équipements ont été livrés lors du deuxième trimestre, soit 20,5% de mieux qu’à la même période un an plus tôt et le chiffre d’affaires a atteint un record de 22,5 milliards de dollars correspondant à une croissance YtY de 43,7%.

Tous les types de serveurs bénéficient de cette croissance, avec 18,4 milliards de dollars pour les serveurs entrée de gamme (+ 42,7%), 2,5 milliards pour les serveurs milieu de gamme (+ 63 %) et 1,7 milliards pour les systèmes haut de gamme (+ 30,4 %). Toutes catégories de produits confondues, le marché reste largement dominé par les serveurs X86 dont les ventes ont atteint 20,5 milliards de dollars (+ 44,1%).

Concernant les acteurs, ce sont bien sûr encore les fournisseurs de produits en marque blanche (les Original Design Manufacturer – ODM) qui grâce aux investissements des acteurs du Cloud dominent le marché tant en termes d’unités qu’en chiffre d’affaire.

Autre point important, HP (HPE/New H3C Group) a perdu sa place de leader (hors ODM) avec une baisse sensible du nombre d’unités vendues.

IDC-serveurs-units-2T18.PNG

C’est donc Dell Inc. qui prend pour la première fois la première place sur le marché mondial des serveurs au deuxième trimestre 2018 avec une part de revenus de 18,8% et une croissance de 52,9%. Notons tout de même que HP reste deuxième en termes de revenus avec une hausse de 11,7 % malgré sa baisse de parts de marché.

IDC-serveurs-CA-2T18

Et vous aurez sans doute noté les croissances spectaculaires des acteurs chinois que sont Lenovo, Inspur ou Huawei…

Après Apple, Amazon dépasse à son tour les 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière

surpriseLe mardi 4 septembre l’action d’Amazon a atteint 2 057 dollars permettant à cette entreprise qui pour rappel est le second A des GAFA, de dépasser brièvement la barre symbolique des 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Et ce environ un mois après Apple, le premier A des GAFA.

Si j’étais taquin, ce qui n’est évidemment pas le cas, je ferais remarquer que le G (Google  Alphabet) n’est pas loin du but avec son record à 897 milliards, et que le F (Facebook) avant une belle correction fin juillet affichait une très honorable capitalisation de 623 milliards de dollars.

Mais revenons à Amazon, dont le titre a plus que doublé de valeur en un an, avec une progression de 74% depuis début 2018. Souvenez-vous qu’à sa création en 1994 Amazon n’était qu’un libraire en ligne, et est maintenant le plus gros site d’e-commerce au monde, avec 575 000 salariés et des diversifications réussies sur le marché du cloud computing avec Amazon Web Services et sur celui des objets connectés avec son assistant vocal Alexa et ses enceintes Echo.

Et comme le souligne le site Statistica, une action Amazon achetée 18 dollars en 1997, date de son introduction en bourse, équivaut actuellement à 24 471 dollars (du fait de l’évolution de son cours et de trois opérations de division en 1998 et 1999). Le rendement est donc, excusez du peu, de 135 867 %.

Statistica Amazon.PNG

Donc de fait, Jeff Bezos, fondateur et dirigeant d’Amazon est devenu l’homme le plus riche du monde avec une fortune, basée sur les 16% du capital qu’il détient, estimée à plus de 166 milliards de dollars, ce qui est légèrement supérieur au PIB de l’Algérie qui compte plus de 41 millions d’habitants…

Certaines éditions de Windows 10 seront supportées plus longtemps (mais rien n’est simple)

Windows 10 Logo.PNGComme vous le savez probablement, deux fois par an (au printemps et à l’automne) Microsoft propose une nouvelle itération stabilisée de son système d’exploitation Windows 10, qualifiée de « feature release ». La prochaine sera disponible en octobre et comme toutes les « features release » devait avoir une durée de support de 18 mois.

Cette stratégie consistant à forcer les entreprises à adopter une stratégie d’évolution en continu de leurs postes de travail, a certes une certaine cohérence puisqu’elle permet de garantir une certaine prédictibilité du code utilisé, ce qui limite les risques liés à l’application des correctifs et donc augmente la sécurité et la stabilité des ordinateurs concernés. C’est la notion de « Modern Desktop » que l’on retrouve dans toute communication Microsoft, mais elle pose un certain nombre de problèmes pour les entreprises dont les procédures et outils ne sont pas forcément adaptés à un rythme aussi rapide de mises à jour. Et ce, même si Microsoft fait évoluer ses outils de déploiement et plus globalement d’administration, pour s’adapter à ce nouveau paradigme, avec la notion de « Modern IT » (que nous avons analysé lors d’une présentation du Briefing Calipia de janvier).

Donc pour faire simple les entreprises jugent le rythme des mises à jour majeures de Windows 10 trop rapide, et hésitent à franchir le pas et migrer leur parc sous Windows 7, même avec la fin programmée du support de cet OS en janvier 2019.

Face à ce problème Microsoft a annoncé une année supplémentaire de support pour les « features update » de Windows 10.

Mais dans le détail les choses se compliquent un peu puisque ce passage de 18 à 30 mois de support ne concerne que les éditions Entreprise et Education, avec quelques subtilités :  

  • Toutes les versions actuellement supportées sont éligibles à cette extension de support (versions 1607, 1703, 1709, and 1803).
  • Dans le futur, seules les « feature updates » proposées à l’automne (dont la prochaine – version 1809) seront supportées 30 mois, les versions mises à disposition au printemps restant sur un support de 18 mois.

Windows 10 - evolutions support.PNG

En gros pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué. D’autant qu’il aurait été assez logique de ne pas exclure de cette extension de support l’édition Windows 10 Professionnel utilisée par de nombreuses PME/PMI, et que garder une synchronisation du support avec Office 365 Pro Plus n’aurait pas été aberrant…

Mais cette évolution va tout de même dans le bon sens pour éviter des situations ou Microsoft étendait au coup par coup le support aux utilisateurs de Windows 10 Entreprise et Education, comme en 2017 avec l’ajout de six mois de support supplémentaire (de 18 à 24 mois) pour Windows 10 1511 ou en février 2018 avec la décision de faire de même pour Windows 10 1607, 1703 et 1709.

Microsoft améliore les conditions d’usage d’Office 365 Famille et Personnel

Office 365Microsoft a annoncé qu’à partir du 2 octobre, les limites du nombre de périphériques sur lesquels Office 365 Famille ou Personnel peuvent être installés disparaitront.

Pour rappel selon les conditions actuelles de l’abonnement à Office 365 Famille (99 euros TTC par an), l’installation des applications de la suite – Word, Outlook, Excel et autres – est possible sur dix appareils ou sur deux appareils pour cinq utilisateurs distincts. Quant à l’abonnement à Office 365 Personnel (69 euros TTC/an) dont les droits d’utilisation sont accordés à une seule personne, il limite le nombre d’appareils à deux au maximum.

Ces limites disparaissent donc, mais chaque utilisateur couvert par l’bonnement ne pourra se connecter que sur cinq appareils simultanément, ce qui convenons en n’est pas trop contraignant.

Autre bonne nouvelle, l’abonnement Office 365 Famille permettra de couvrir un utilisateur de plus (six au lieu de cinq). Chacun disposant de 1 To de stockage OneDrive, ce qui fera un total de 6 To par abonnement.

On arrive donc pour l’abonnement Office 365 Famille à un total de 30 appareils actifs simultanément. Et ce pour 99 € par an. Mais pour les petits malins qui souhaiteraient profiter de l’aubaine, rappelons que les droits accordés aux abonnés ne permettent pas d’utiliser les applications pour générer du contenu à des fins commerciales.

La suppression des limitations d’appareils pour les abonnements grand public et l’ajout du sixième utilisateur à l’abonnement Office 365 Famille devrait précéder de peu le lancement, début octobre, d’Office 2019 pour Windows et MacOS.

Le nom de la prochaine mise à jour de Windows 10 est officialisé (sans trop d’originalité)

Windows 10Depuis un an la stratégie Microsoft de mise à disposition des offres OS (Windows 10) et bureautique (Office 365) est basée sur un calendrier bi-annuel, avec de nouvelles fonctionnalités proposées au printemps et à l’automne.

C’est donc sans surprise que doit arriver prochainement le build 1809 de Windows 10, dont le nom de code était « Redstone 5 » et qui, s’il sera finalisé en septembre, ne sera déployé en fait qu’en octobre afin d’intégrer les derniers commentaires des participants du programme Windows Insider pour intégrer les correctifs nécessaires.

Tout cela pour dire que, si on en croit un billet de blog de Microsoft synthétisant des annonces faites lors du salon IFA de Berlin, le nom officiel de Windows 10 build 1809 sera assez logiquement Windows 10 October 2018 Update.

Il est cependant intéressant de noter, comme le souligne Mary Jo Foley sur son blog note que Microsoft parle (encore) de « près de 700 millions de périphériques » visés par cette nouvelle version, alors que ce chiffre avait déja été annoncé en mars 2018. Et j’aurais assez tendance à adhérer à sa théorie qui consiste à penser que Microsoft réserve à la conférence Ignite (qui aura lieu lors de la semaine du 24 septembre) la primeur de chiffres légèrement moins périmés.

Ce déploiement sera comme d’habitude échelonné dans le temps en commençant par une mise à disposition sur Windows Update pour les machines les plus récentes et donc les moins susceptibles de poser un problème. Il sera aussi aussi synchronisé avec le lancement de Windows Server 1809 et l’offre d’administration System Center 1809.

Pour finir rappelons les quelques nouvelles fonctionnalités qui devrait être apportées par cette Windows 10 October 2018 Update :

  • Sets. Un système multi-onglets, comparable à celui d’un navigateur web, qui donne la possibilité d’ouvrir plusieurs applications, documents ou pages web au sein d’une même fenêtre Windows.
  • Presse papier. Un presse papier permet de sauvegarder des contenus, textes et images (via copier-coller) puis de les synchroniser entre différents terminaux Windows via le Cloud.
  •  Your Phone. Une nouvelle application mobile, baptisée Your Phone, synchronisera les photos prises par l’utilisateur via son smartphone sur son ordinateur Windows. Disponible pour Android et iPhone, elle pourrait s’étendre également à l’avenir à la synchronisation d’autres contenus, comme les SMS et notifications reçus sur mobile.
  • SwiftKey.  Le système de saisie tactile par swipe (balayage des doigts sur l’écran) de Microsoft, déjà disponible pour Android et iOS, est intégré à Windows.
  • Un moteur de recherche enrichi. Le moteur de recherche de Windows 10 est doté d’un mode de prévisualisation des résultats.
  • Mode S. Redstone 5 donne la possibilité de basculer vers le mode S, une configuration qui se veut plus légère et performante de Windows 10, mais qui n’autorise que les applications du Microsoft Store.
  • Fluent Design (projet Neon).  Microsoft continue de déployer la nouvelle interface graphique de Windows 10 (Fluent Design). A l’occasion de la mise à jour Redstone 5, elle s’étend de manière plus prononcée au sein du navigateur Edge et au bureau Windows (avec notamment le « mode sombre »).

Microsoft fournira également un certain nombre de nouvelles fonctionnalités de sécurité et d’entreprise, ainsi qu’une nouvelle édition de Windows 10 Enterprise Remote Sessions.

Virtualisation : Les annonces importantes du VMworld 2018

VMware logoLors de la conférence VMworld qui s’est tenue à Las Vegas la semaine dernière, VMware effectué des annonces importantes concernant son offre VMware Cloud sur AWS, la sécurité et l’administration multi-cloud.

VMware Cloud sur AWS. Afin de promouvoir son offre IaaS publique maintenant hébergée chez AWS après le fiasco de vCloud (comme nous l’évoquions lors du Briefing Calipia de juin) afin de se positionner sur ce marché face à Microsoft et … AWS (cherchez l’erreur), VMware a annoncé :

  • Une baisse de 50% sur le prix d’entrée de ces services (qui restent chers par rapport à la concurrence) ;
  • L’ouverture, après les Etats-Unis et l’Europe, à la région Asie-Pacifique ;
  • Désormais, VMware réduit à trois hôtes SDDC (Software-Defined Datacenter) au lieu de quatre la configuration minimum de production pour ces services hébergés sur AWS et il va la proposer, sur une période limitée, au prix de la configuration 2 hôtes ;
  • Il est possible d’optimiser ses licences logicielles Microsoft et Oracle en spécifiant le nombre de cœurs requis pour limiter ainsi le coût d’exploitation des applications critiques ;
  • Et des options de stockage haute capacité vont également s’appuyer sur Amazon Elastic Block Store.

Sécurité. VMware fait par ailleurs évoluer ses solutions cloud hybride en renforçant les outils de sécurité de vSphere Platinum Edition, en mettant à jour vSAN pour faciliter le passage à l’hyperconvergence et en faisant évoluer sa plateforme vRealize Cloud Management. Les capacités de sécurité natives de vSphere seront maintenant combinées avec AppDefense qui s’appuie sur l’apprentissage machine et l’analyse comportementale pour permettre aux administrateurs de vSphere de contrôler directement l’état et le comportement des machines virtuelles et disposer ainsi d’une détection de menaces plus précise.

Gestion multi-cloud. Sur les problématiques de gestion multi-cloud, la plateforme SaaS de VMware intègre des services d’automatisation qui viennent renforcer l’offre sur site vRealize Automation. On trouve ainsi Cloud Assembly qui permet d’unifier le provisioning sur différents clouds (AWS, Azure et VMware Cloud sur AWS) via une approche d’infrastructure as a code. Avec Assembly, les équipes opérationnelles pourront orchestrer la livraison d’applications en ligne avec les principes Devops, pointe VMware. Service Broker, fournit quant à lui un accès en self-service aux ressources multi-cloud à partir d’un catalogue sans avoir besoin de s’appuyer sur différents outils. Quant à Code Stream, il permet d’automatiser le code et le processus de livraison d’applications avec un ensemble de capacités de correction d’erreurs, de test et de déploiement.VMworld

Des évolutions intéressantes dans le licencing d’Azure Active Directory

CadenasAzure Active Directory, la solution de Microsoft pour la gestion des identités dans le Cloud est disponible en quatre éditions (Gratuite, Basique, Premium P1 et Premium P2) en plus d’être utilisé par les applications Office 365. A chaque édition correspond, pour un prix croissant, des fonctionnalités plus nombreuses et des limitations repoussées. Les éditions Premium P1 et Premium P2 étant aussi intégrées dans les éditions E3 et E5 de la suite de sécurité Enterprise Mobility + Security.

Mais quelques modifications intéressantes (pour les entreprises) ont été remarquées par Jean-Sébastien Duchene et font l’objet d’un billet dans son blog MicrosoftTouch. Le garçon étant plutôt bien renseigné, je me permets de relayer l’information, en la complétant légèrement afin de la rendre compréhensible pour les non-initiés :

1. Les entreprises peuvent maintenant acheter le service Azure AD Identity Protection pour un sous ensemble d’utilisateurs. Cette fonctionnalité permet de détecter les vulnérabilités potentielles qui affectent les identités de votre organisation, de configurer des réponses automatiques aux actions suspectes détectées, et d’examiner les incidents suspects afin de prendre les mesures appropriées pour les résoudre. Elle nécessite Azure AD Premium P2 (l’édition la plus chère) mais ne peut être considérée comme étant vraiment utile que pour certains comptes utilisateurs sensibles.

2. Les clients Azure AD Premium 1 (P1) peuvent maintenant activer les restrictions basées sur le proxy dans l’accès conditionnel. Les stratégies d’accès conditionnel permettent d’intégrer des critères (emplacement réseau, appareil géré, connexion à risque, etc.) qui vont permettre de limiter l’accès aux applications cloud ou de forcer une authentification multi-facteurs. La localisation des connexions transitant par un proxy est un des critères.

conditional access

3. Les clients Azure AD Premium 1 (P1) peuvent utiliser des solutions d’authentification à facteurs multiples (MFA) tierces. Cette fonctionnalité est en preview et permet de compléter (ou remplacer) Azure Multi-Factor Authentication.

MFA

Voilà donc des évolutions qui vont dans le bon sens pour faciliter la mise en œuvre d’une infrastructure de gestion des identités plus sécurisée.

Sécurité : Deux passerelles importantes entre les mondes Microsoft et Google dans le domaine de l’authentification ont été dévoilées

Logo sécuritéToute notion de sécurité informatique repose sur la possibilité pour un utilisateur, une machine ou un processus de fournir une identité numérique, et que celle-ci puisse être vérifiée lors d’un processus dit d’authentification dont le but est de vérifier que le « secret » associé est valide.

Avec la rapide adoption des services applicatifs proposés dans le Cloud différents fournisseurs d’identités se sont imposés, tels que Microsoft avec Azure Active Directory ou Google avec Google Account, sans bien sûr oublier Facebook. Mais ce sont des mondes généralement assez indépendants surtout si l’on sort du cadre d’une simple authentification en « B2C » à un site Web sécurisé.

Mais manifestement les choses commencent à changer, avec deux annonces récentes :

Le blog Chrome Story suggère qu’il sera bientôt possible de se connecter à Windows 10 en utilisant les informations de son compte Google.

Authentification Google MS

Cette nouvelle fonctionnalité devrait s’appuyer un « Credential Provider de Google » afin de permettre à Windows d’authentifier les utilisateurs grâce à leur compte entreprise G Suite ou à leur compte Google standard. Tous les détails techniques sont proposés sur le site BleepingComputer.

De plus Mary Jo Foley indique dans son blog que la fédération entre les identités Google Gmail et Azure Active directory B2B est maintenant possible.

Authentification Google MS 2

Cette annonce est importante puisque si Azure AD B2C permet une certaine ouverture vers d’autres fournisseurs d’identité dans le Cloud, Azure AD B2B (qui est utilisé par Office 365 et les partenaires B2B de Microsoft), ne s’appuyait jusqu’alors que sur des identités Azure ou « Microsoft Account ».

Petite mise au point sur les « GAFA »

Il y a 3 ans, dans cette même Lettre Calipia, nous vous proposions un article résumant une étude très complète de la société Fabernovel sur un phénomène alors assez nouveau : Les GAFA. Cette étude, intitulée GAFAnomics[1] décryptait les facteurs de performances des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Outre le bouleversement des usages, cette étude mettait en avant la rupture insufflée par ces géants du numérique concernant les règles établies de la stratégie business (concepts de marché, concurrence, positionnement, etc.).

Et si le ton de notre propos était à l’époque pour le moins positif, nous mettions cependant en garde contre les travers possibles liés à la monétarisation des données personnelles et à une certaine décontraction affichée face au concept de redistribution par l’impôt. Les résultats financiers de ces quatre entreprises étaient cependant ébouriffants et elles étaient en quelques années devenues quasi monopolistiques dans des pans entiers de l’industrie du numérique avec des stratégies innovantes. Ce qui suscitait une certaine admiration de la part des commentateurs et responsables à tel point que le terme de GAFA est quasiment devenu un mot-valise pour illustrer la réussite foudroyante des acteurs de la scène digitale.

Après trois années il nous a cependant paru intéressant de vous proposer ce nouvel article, dans lequel nous allons mettre en avant un certain nombre de dérives qui ont considérablement écorné l’image positive qu’avaient à l’époque ces sociétés.

Pour reprendre la formule d’Éric Scherer, directeur de la prospective de France Télévision dans meta-media[2] voici le déroulé de la situation :

  1. En galopins, au début, ils amusaient ;
  2. En barbares, ensuite, ils étonnaient ;
  3. En monstres, aujourd’hui, ils effraient.

De qui parle t’on en fait ?

Il est rare, en France, qu’une journée ne se passe sans que le terme GAFA (le plus souvent « Les GAFA ») ne soit employé. On le trouve dans la presse web et papier, à la radio, à la télé, mais aussi dans la bouche de candidats à la présidentielle, sous la plume d’économistes ou dans les rapports des associations et organismes qui s’intéressent à la vie du numérique.

Mais dire « Les GAFA », c’est faire un rassemblement qui n’a, au fond, pas beaucoup de sens. Ces sociétés ne sont pas une entité homogène avec une stratégie commune de domination mondiale, mais bel et bien des concurrents avec chacune ses particularités.

  • Apple est loin d’être né du Web et encore aujourd’hui, l’entreprise de Cupertino est plus connue pour son matériel que pour ses logiciels ou son importance dans le cloud (bien qu’elle soit réelle).
  • Google est une agence de publicité, un moteur de recherche, un créateur de robot, un fournisseur d’accès à Internet, un fonds d’investissement, un chercheur en santé et en intelligence artificielle… et Google ne s’appelle plus Google, mais Alphabet.
  • Amazon est un e-commerçant. Tout ce que fait Amazon n’a qu’un but : vendre toujours plus de choses sur Amazon. Kindle, 1-Click, Dash, Alexa, Premium, Prime Now et autres services se regroupent autour de l’activité principale du géant de Seattle : c’est une boutique qui veut vendre des choses matérielles ou immatérielles. Une grosse boutique internationale, mais une boutique quand même.
  • Facebook, enfin, est un réseau social, une régie publicitaire, une plateforme de contenu, un kiosque pour les médias (voire un média), un autre réseau social (Instagram) ou un explorateur de tendances technologiques. C’est, dans un sens, celui qui s’approche le plus de Google / Alphabet.

Donc « Les GAFA » est une expression qui est certes populaire et sans beaucoup de sens, mais qui est surtout devenu symbolique du fait que le fonctionnement de l’économie digitale favorise les économies d’échelles et la domination très forte de quelques acteurs ayant eu des succès très rapides dans des domaines tels que la recherche, les réseaux sociaux, la publicité, le e-commerce, la diffusion de contenu, les nouveaux matériels, etc. Et ce avec des stratégies commerciales agressives, avec une exploitation éhontée des données personnelles collectées et avec une certaine dextérité pour contourner les lois fiscales des pays dans lesquels ils opèrent.

Et a ce titre il serait intéressant d’intégrer dans la liste originale des acteurs traditionnels tels que Microsoft (on parle de plus en plus de GAFAM), mais aussi la société IBM si on anticipe un peu la future importance des acteurs de « l’Intelligence Artificielle » (encore une notion qui mériterait quelques développements).

Pour rester dans le domaine des sociétés américaines, Netflix, Airbnb, Tesla, Uber (« Les NATU ») sont aussi dans le profil. Les chinois quant à eux ne sont pas en reste avec Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi (« Les BATX ») auxquels on peut ajouter Huawei. Et on peut enfin ajouter la japonaise Softbank, le coréen Samsung, et les russes Yandex et Vkontakte pour compléter la liste des monstres du numérique.

Et autant dire que le terrain de jeu de ces GAFA, NATU, BATX, c’est une Union Européenne qui est dépourvue de stratégie et est devenue un nain de l‘industrie numérique. Avec des conséquences sociétales qui sont assez considérables et surtout non maitrisées par les gouvernements qui semblent pour le moins dépassés par la situation et la puissance financière de ces acteurs du numérique que par facilité nous qualifierons de GAFA.

Des chiffres qui donnent le tournis

Avec plus de 540.000 employés Amazon a désormais la taille d’un petit pays ! En trois mois fin 2017 elle a ajouté 160.000 personnes à ses effectifs et doublé de taille en un peu plus d’un an. Au rythme de +30% par an, elle emploiera plus d’un million de personnes d’ici trois ans.

Article GAFA 1

Le groupe vend plus de 350 millions de produits différents en concurrence directe avec plus de 130 grandes firmes. Aux Etats-Unis, Amazon est devenu non seulement le principal magasin en ligne, mais aussi un intermédiaire crucial de la culture et du divertissement (livres, vidéos, …), de l’alimentation (Whole Foods) et depuis peu un majordome domestique, via ses nouvelles bornes intelligentes (Echo, Alexa…).

Lire la suite

« Entrées précédentes Derniers articles »