Oracle donne OpenOffice à la fondation Apache : le coup de pied de l’âne ?
Nous nous demandions depuis plusieurs mois quel avenir Oracle réservait à OpenOffice, suite à la scission opérée après l’été dernier avec la Document Fondation : le suspense est désormais terminé, puisque Larry Ellison vient d’annoncer qu’Oracle confiait OpenOffice à la fondation Apache.
Officiellement, tout le monde applaudit :
- IBM, qui « accueille positivement le versement du code OpenOffice à la fondation Apache ».
- La Document Foundation, à l’origine du fork d’OpenOffice appelé LibreOffice, se félicite en premier lieu de cette ouverture, et confirme son intention de collaborer avec la fondation Apache.
Les dessous de l’affaire sont vraisemblablement moins « bisounours » qu’il n’y paraît (cf. article de la lettre Calipia n°71 du mois d’octobre 2010 – OpenOffice est-il mort ?). Il semble en premier lieu qu’IBM ait fait pression auprès d’Oracle pour que la cession soit faite à la Fondation Apache. Plusieurs raisons pour l’expliquer :
- La licence Apache permet d’envisager plus simplement l’intégration du code à une offre commerciale telle que Symphony (le fork OpenOffice d’IBM, actuellement basé sur le code d’OpenOffice 3.x) ; beaucoup plus facilement que la licence GPL v3 choisie pour LibreOffice.
- La communauté LibreOffice n’a pas attendu IBM pour prendre le leadership sur la feuille de route de la suite : le chemin pris ne correspond donc pas forcément à ce que souhaite IBM pour une ré-exploitation dans Symphony (cf. par exemple les changements effectués dans LibreOffice 3.4 http://fr.libreoffice.org/telecharger/nouvelles-fonctions-de-la-version-3-4/).
C’est donc en quelque sorte un coup de pied de l’âne qui est fait à LibreOffice par Oracle : le marché se retrouve en effet avec deux évolutions – divergentes à notre avis – d’Open Office, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la suite libre, dans la mesure où de nouvelles questions se posent, pouvant gêner l’adoption de ces suites : Qui de LibreOffice ou OpenOffice/Symphony est-il le plus pérenne ? Quelle interopérabilité entre les différentes suites à terme ? Quel avenir pour les différentes communautés, et comment peuvent-elles réellement travailler en synergie sur deux projets dont les motivations sont divergentes ? etc.