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GAFAM : Nomination d’un conseiller très hostile aupres de Biden

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Photo Wikipedia

Pas vraiment une bonne nouvelle pour les GAFAM : Le président Biden vient de nommer comme « assistant spécial pour la technologie et la politique de concurrence » : Tim Wu, professeur de droit à l’université de Columbia connu pour son hostilité au GAFAM et ses prises de positions sur « les géants technologiques qui ont trop de pouvoir » il s’est prononcé à de nombreuses reprises en faveur d’actions antitrust contre eux …

Clairement le Président Biden, donne des gages à son aile gauche en notant ce proche d’Elisabeth Warren. La nomination de M. Wu, 48 ans, est largement soutenue par les démocrates progressistes et les groupes dit « antimonopole », cela suggère que l’administration prévoit de légiférer sur l’influence d’entreprises comme Amazon, Apple, Facebook et Google, notamment en travaillant avec le Congrès sur les lois antitrust. Au cours de sa campagne, M. Biden avait déclaré qu’il serait ouvert à l’idée de démanteler des entreprises technologiques. Autant dire que les actions de lobbyings de ces entreprises risquent bien de s’amplifier dans les mois à venir !

Wu a notamment critiqué les définitions trop étroites des monopoles dans les lois actuelles arguant qu’il faut examiner si une entreprise a suffisamment de pouvoir pour désavantager ses concurrents, puis si elle en abuse. Il a déclaré qu’en fin de compte, la loi doit favoriser les intérêts des consommateurs plutôt que ceux de ces entreprises. Il n’est visiblement pas très sensible aux arguments des GAFAM qui considèrent que toutes restrictions ferait le jeu des géants chinois (les fameux BATX) et finalement pénaliseraient le consommateur américain…

Le principal sujet de préoccupation de Wu est le rachat d’entreprise pour conforter des positions avec en ligne de mire les acquisitions de WhatsApp et Instagram par Facebook (Wu a soutenu à de nombreuses reprises les appels à la dissolution de la société). En 2018 il écrivait dans un livre « La malédiction de la grandeur » :

« L’extrême concentration économique engendre des inégalités flagrantes et des souffrances matérielles, alimente l’appétit d’un leadership nationaliste et extrémiste »

Il est également connu comme étant un fervent défenseur de la neutralité du Net. « Cette nomination donne le ton d’une nouvelle ère dans l’application de la législation antitrust« , a déclaré la sénatrice Amy Klobuchar du Minnesota, présidente démocrate de la sous-commission judiciaire du Sénat sur les ententes. Mme Klobuchar en charge du projet de loi visant à renforcer les lois antitrust.

Plainte devant la commission européenne de Slack contre Microsoft : point sur les positions de chacun

Slack vs Teams

La semaine dernière, Slack déposait une plainte auprès de la commission europérenne contre Microsoft et son produit Teams pour concurrence déloyale (sans que le contenu précis ne soit public à ce jour). En réponse à cette plainte, Microsoft a souligné son adoption précoce des technologies de vidéoconférence dans Teams, laissant ainsi entendre que tout préjudice causé par Microsoft à la position de Slack sur le marché était davantage dû à sa différenciation concurrentielle, Visio qui n’est pas si importante dans l’offre de Slack qui met en avant des partenariats et plugins avec les leaders du secteur. Or cette dernière fonction est devenue primordiale avec la crise récente et le boom du télétravail.

Ainsi la ligne de défense de Microsoft risque bien d’être centrée sur cette différence avec un concurrent :

 « Avec la COVID-19, le marché a adopté Teams en nombre record alors que Slack a souffert de son absence de vidéoconférence. Nous nous sommes engagés à offrir aux clients non seulement le meilleur des nouvelles innovations, mais aussi une grande variété de choix dans la façon dont ils achètent et utilisent le produit« .

Slack propose des appels vidéo et des conférences, mais les fonctionnalités ne sont pas aussi aboutis que dans Microsoft Teams, Google Meet ou Zoom, la vidéoconférence de Slack étant limitée à 15 participants, par exemple. La qualité vidéo et audio de Slack était souvent en retrait, mais elle semble s’être améliorée depuis que Slack a étendu son partenariat avec Amazon pour utiliser AWS Chime afin d’alimenter les appels vocaux et vidéo des utilisateurs de Slack. Nous vous en parlions ici même, En se tournant vers l’infrastructure d’Amazon, Slack s’éloigne d’un système basé sur la technologie de la société Superhero qu’elle avait acquis en 2015.

Dans l’annonce de sa plainte antitrust, Slack a brossé un tableau très différent des actions de Microsoft, affirmant que la société regroupe injustement Teams dans l’offre Office 365 – une position qui nous rappelle la principale affaire antitrust contre l’inclusion d’Internet Explorer avec Windows par Microsoft dans les années 1990… l’Avocat de Slack à déclaré lors du dépôt de plainte :

« Microsoft revient à son comportement passé. Ils ont créé un produit moins performant que le nôtre et largement copié sur ce dernier et l’ont lié à leur produit Office 365 qui domine le marché, en forçant son installation et en bloquant son retrait, une copie conforme de leur comportement illégal pendant la « guerre des navigateurs ».

Difficile en effet de ne pas voir un parallèle entre ces deux affaires, le mécanisme est assez proche. Pour rappel, Microsoft avait dans un premier temps essayer d’acheter Slack, avant de se raviser et d’annoncer développer un produit comparable avec Teams. L’intégration à Office 365 de ce dernier, avec même que toutes les fonctions n’étaient pas encore « sèches » a sans aucun doute permis à ce dernier d’emporter le morceau face à Slack. Nous vous en parlions là encore, les équipes de Microsoft avaient même été jusqu’à copier la pub de Slack !

Mais contrairement aux navigateurs dans les années 90, où Internet Explorer de l’époque était bien en retrait fonctionnellement face à son concurrent « Netscape Navigator », et où justement l’intégration dans Windows avait été décisive pour son adoption, Lire la suite

Google : une enquête antitrust à venir ?

Capture d’écran 2019-06-01 à 17.54.37Après les déboires en Europe, Selon le Wall Street Journal daté de vendredi dernier, Google devrait bientôt faire face à une enquête antitrust du département américain de la Justice concernant ses activités de recherche et potentiellement d’autres aspects non dévoilé par le quotidien. Le ministère de la Justice aurait consacré ces dernières semaines à la préparation de l’enquête, qui pourrait constituer une vaste étude pour les violations des lois antitrust sur l’ensemble de ses activités.

La FTC (Federal Trade Commission ) s’en remettrait au DOJ, à la suite du procès intenté contre la société par la FTC en 2011 concernant le placement de cookies non sollicités dans le navigateur Safari d’Apple. Cette affaire s’était à l’époque conclue par une condamnation à 22,5 millions de dollars, ce qui malgré la somme ridicule pour Google avait été à l’époque le plus important jugement de ce genre jamais remporté par la FTC devant les tribunaux. Selon la WSJ, la FTC a poursuivi son enquête jusqu’en 2013 mais cette fois pour violation de la législation antitrust. Cette dernière avait alors classé l’affaire sans engager de poursuites contre le géant de la recherche. On est très loin dur montant des trois amendes antitrust imposées à Google par l’Union européenne, qui s’élève désormais à 8,2 milliards d’euros….

Avec les élections qui arrivent aux USA, Google risque de devenir une cible prioritaire pour les politiciens et les régulateurs cherchant à contrôler la Silicon Valley,  c’est en particulier le cas de la sénatrice Elizabeth Warren (Candidate Démocrate)…

Google sous la menace de poursuites anti trust aux USA

Les années 2000 sont loin, où Microsoft était quasiment le seul industriel scruté par les autorités antitrust de la planète (Redmond ne s’en plaindra certainement pas :)).

Ainsi, selon Bloomberg, la FTC (Federal Trade Commission) américaine, l’agence fédérale chargée de la protection des consommateurs, serait prête à lancer des poursuites contre Google pour abus de position dominantes et non respect des lois anti trust, concernant ses positions dominantes (monopolistiques pourrait-on dire aussi ?) sur le marché de la recherche sur Internet.

Les pratiques de Google concernant également l’usage de ses brevets sur le marché de la téléphonie mobile sont aussi sous la loupe des agents de la FTC, qui cherchent à savoir si ces usages ne sont pas de nature à bloquer l’arrivée de compétiteurs sur le marché. Ce dernier point viendrai s’ajouter aux différents combats judiciaires dans lesquels Google est engagé (contre Apple et Microsoft en particulier), soit de façon directe ou indirecte (double bande avec Samsung en première ligne), aux US et en Europe. Bref, Google n’en a pas fini de ses démêlés avec les autorités du monde entier.