Quel futur pour Windows RT ?

tablette Samsung ATIV RTWindows RT est la déclinaison de Windows 8 pour les tablettes à architecture ARM. Cette première infidélité majeure de Microsoft à Intel pour ses systèmes d’exploitation postes de travail, visait à reprendre l’initiative sur le créneau des OS destiné aux appareils à faible consommation, meilleure autonomie et prix inférieur (smartphones, tablettes et autres systèmes embarqués), créneau très largement dominé par les processeurs d’architecture ARM, et donc sans présence de logiciels Microsoft. L’éditeur de Redmond a donc opté pour une stratégie offensive en la matière, en développant ce nouveau système pour ces plateformes basse consommation qui portent aujourd’hui la croissance, bien plus que les PC classiques (selon IDC, le marché des PC devrait en 2013 présenter une décroissance de 1,3%, après les -3,7% déjà enregistrés en 2012).

Pour mieux encore marquer son engagement sur ce nouveau segment, Microsoft a lancé sa propre tablette, la Surface RT, en fin 2012, avant le lancement de la tablette Surface Pro le mois dernier (architecture Intel cette fois).

Or après trois mois de commercialisation, les perspectives de Windows RT sont plutôt sombres :

  • les ventes de tablettes Microsoft, qualifiées par Steve Ballmer lui même de « modestes« , ne décollent pas (c’est un euphémisme) malgré un élargissement des canaux de commercialisation, initialement réservée au magasin en ligne Microsoft.
  • peu de constructeurs ont annoncé leur décision de sortir des produits Windows RT, et encore moins ont matérialisé cette intention par la mise à disposition de produits.
  • Samsung, l’un des premiers vendeurs de PC au niveau mondial (avec Lenovo, HP et Dell), très actif sur les plateformes mobiles smartphones et tablettes (surtout avec Android), et l’un des rares à avoir très vite commercialisé un produit, vient d’annoncer le retrait à la vente en Allemagne de sa tablette ATIV RT, après avoir indiqué au lancement que ce produit ne serait pas commercialisé aux USA. La raison essentielle  invoquée par Samsung pour justifier l’arrêt sur le marché allemand porte sur la faible demande pour cette tablette sous Windows RT.
  • enfin, Microsoft a manqué de clarté dans le positionnement respectif de ses nouvelles versions d’OS, semant le doute dans l’esprit des clients potentiels : RT est-il un produit professionnel, grand public, dans quel contexte l’utiliser, qu’en faire dans cette époque du BYOD, s’agit il d’un appareil utilisable en tant que tel ou doit on l’associer à un PC (voir la notion de produit compagnon introduite par l’éditeur dans ses programmes de licences pour les entreprises) ….

Intel brouille (encore un peu plus) les cartes Microsoft

Par ailleurs Intel, concerné lui aussi par la domination quasi exclusive d’ARM sur les nouveaux devices (smartphones et tablettes), s’est lancé depuis 2 ans dans uns stratégie de reconquête (à l’instar de Microsoft), pour produire des lignes de systèmes plus en phase avec les attentes des constructeurs mobiles (consommation, autonomie, prix). Cette stratégie commence à porter ses fruits et l’on voit apparaître sur le marché des produits basés sur les solutions d’Intel et qui pour des prix au dessous de 400 $ offrent un écran tactile de 11 pouces, 500 GO de stockage disque, 4 GO de RAM, sous Windows 8. A ce tarif, quel intérêt de choisir une tablette RT dans la même gamme de prix (voire même  plus chère avec un clavier) qui ne permettra pas de faire fonctionner tous les logiciels « classiques » ?  Certes Windows RT intègre nativement et sans surcoût Office RT (édition spécifique d’Office 2013 avec Word, Excel, PowerPoint et OneNote), mais manifestement (si l’on regarde les chiffres de vente des tablettes RT) cet argument ne suffit pas à emporter la décision d’achat.

Alors quel avenir pour Windows RT ? Le status quo entre Windows 8 et RT (fonctionnalités, prix) ne semble pas tenable à terme, Microsoft doit différentier plus nettement ses 2 offres, pour que les solutions bâties au dessus d’elles le soient clairement. Le message de Microsoft doit aussi gagner en lisibilité pour les acheteurs potentiels. D’autant qu’un autre enjeu de poids risque de peser sur l’avenir de RT : la commercialisation d’applications Office pour des plateformes mobiles non Microsoft (iOS, Android ?). A ce jour, Microsoft reste muet sur la question. Parmi les raisons expliquant ce mutisme (limite langue de bois parfois), le fait que la sortie d’applications Office pour ces nouvelles plateformes (au delà des versions existantes d’apps pour OneNote, Lync ou SharePoint), marquerait vraisemblablement l’arrêt de mort de Windows RT.

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