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Microsoft se séparerait de plus de 200 personnes en France

Image que nous avons créée avec Midjourney V4

Microsoft avait annoncé le 18 janvier dernier un plan mondial de 10 000 licenciements. Nous vous en parlions sur le blog en relativisant aussi ce type de plan chez les géants du numérique qui avaient massivement embauchés lors des trois dernières années. Le solde étant largement positif. Si on prend le cas de Microsoft : (+30% en trois ans) cela donne 37 000 embauches moins aujourd’hui 10 000 : il reste un solde positif de 27 000 personnes…

Les licenciements mondiaux de Microsoft représentent donc en gros 4,5%. La situation du géant de Redmond n’a strictement rien à voir avec celle d’un Meta dans la tourmente avec des résultats difficiles. Microsoft a publié d’excellents résultats quand à lui et les perspectives de croissances (en particulier sur le Cloud et l’IA) sont au beau fixe.

Ceci dit la politique de licenciements de l’éditeur cache de grandes disparités. Alors que ce dernier prévoit donc de se séparer de 4,5% de son personnel au niveau mondial, il planifie selon des sources internes et les articles de Capital et Le Monde Informatique de plus de 200 personnes (sur 1750 personnes), soit 12 % donc trois fois plus en proportion que le plan mondial.

Les différences sont encore plus accentuées lorsque que l’on compare les embauches des trois dernières années : alors que l’entreprise compterait aujourd’hui 1750 personnes, elle en comptait en gros autant il y a trois ans... La filiale française serait donc plus pénalisée ? Sans doute, mais ce n’est pas propre à la France et à sa filiale qui compte parmi celles qui performent le plus (récompensée au niveau mondial lors de l’année fiscale 2022). Autre indicateur : il y a 20 ans en 2003, l’entreprise comptait au niveau mondial 50 000 employés, 4 fois moins qu’aujourd’hui. la filiale française en comptait 1500 environ, 18 % en moins qu’aujourd’hui. Microsoft qui comptabilisait il y a 20 ans 3% des emplois mondiaux de Microsoft, ne représente aujourd’hui que 0,8%, presque 4 fois moins.

L’explication est simple : les filiales sont de plus en plus considérées par la maison mère comme avant tout des bureaux commerciaux. La stratégie est maintenant faite outre atlantique, sans guère d’inflexions possibles sur les territoires nationaux. Le marketing mondial décide de tout, les filiales doivent exécuter avant tout les plans. Dans cette logique, des économies d’échelle sont faites. Avec de moins en moins de spécificités locales, il y a de moins en moins de personnel. Pas étonnant que les bruits internes chez Microsoft parlent de 30% de personnes en moins côté marketing par exemple ou que la suppression de pans d’activité entier coté commercial.

Microsoft préfère s’alléger côté Vente et Marketing que côté développement produit. Et avec les technologies et solutions très enthousiasmantes qui pointent le bout de leur nez, qui va s’en plaindre (au moins à Corp) ?

Dans une filiale comme l’entité française, les effectifs sont essentiellement des services (l’ESN de Microsoft) et les Ventes et Marketing. Très peu de personnes, hors sous traitants, dans les fonctions de support interne (RH, Finance, Services généraux et IT), le support produit (client) étant maintenant largement hors de France, et aucune activité de développement produit dépendant de la filiale française.

Donc fort logiquement, à part dans certains groupes comme ceux qui travaillent sur le Metavers, pas de licenciement vraiment très important chez Microsoft Corp. Le groupe a par ailleurs provisionné 1,2 milliards de $ dans le trimestre en cours pour accompagner ces licenciements qui prendront la forme de départs volontaires en France. Tout ceci devrait être finalisée dans 3 mois, pour démarrer la nouvelle année fiscale, début juillet, dans la nouvelle configuration.

Licenciements chez les GAFAM : à relativiser…

Après Meta, Amazon, Microsoft c’était donc au tour de Google d’annoncer la semaine dernière des licenciements. 12 000 postes, après des chiffres équivalents chez les 3 autres. Apple de son coté à simplement pour l’instant gelé les embauches.

Vu de France, cela fait les gros titres de la presse, sur le thème « rien de va plus chez les géants du numérique« . Bon nombres de nos contacts relient l’information et le pessimisme même sur la technologie… Tant en France nous sommes souvent tétanisés par les plans de licenciements précurseurs de chômage de masse.

Comparaison n’est pas raison.

Aux USA, les choses sont tout de même largement différentes, le marché du travail étant beaucoup plus volatile, à la baisse comme à la hausse. Le marché du travail en France et dans la tech en particulier, c’est à mon avis un peu comme une locomotive diesel : cela met une énergie folle à démarrer, mais une fois lancée il y a aussi une inertie importante. Donc en gros, il faut que cela aille bien pendant des mois et des mois pour que la locomotive démarre enfin. Aux US c’est quasiment du On/Off. Quand cela va bien cela embauche à tout va pour bénéficier au plus vite de la reprise et des opportunités, mais quand cela freine un peu, c’est brutal.

Et dans le cas des licenciements actuels c’est exactement cela : si l’on parle actuellement de 5 à 6% de licenciements du personnel dans ces groupes, ont a tendance à oublier que ces mêmes sociétés ont largement accru le nombre de leurs employés durant les deux années précédentes (plus de 36% par exemple chez Microsoft). Le solde est encore pour chacune d’entres elles très largement positif… Combien de grandes sociétés en France on fait + 30% de personnel depuis le Covid ?

Le cas Meta.

Néamoins le cas Meta est un peu particulier. C’était le premier à appuyer brutalement sur le frein. -11% des effectifs annoncés. Mais, contrairement à Amazon, Google et Microsoft, ce n’était pas en prévision de jours moins fastes, mais au contraire face à des pertes et des décisions stratégiques… compliquées. Pour faire simple, le frein des recettes publicitaires d’un coté (largement du aux nouvelles protection de la vie privée mises en oeuvre chez Apple par exemple) y est pour beaucoup. Le démarrage plutôt poussif (pour ne pas dire plus) du Metavers, à fait le reste.